Le microcosme de la vape a ses extrêmes, comme bien des microcosmes. S’il est rare de voir des types actionner des montages de plusieurs dizaines d’ohms à l’aide de groupes électrogènes, on peut assez facilement rencontrer des hurluberlus férus de ultra-low resistance empilant les bobines résistives dans leurs atomiseurs histoire de frôler le dixième d’ohm, voire moins encore et produire d’hallucinants nuages de vapeur parfois dûment mesurés dans le cadre de compétitions heureusement anecdotiques.
Sans aller jusqu’à cette extrémité, j’ai toujours eu envie de savoir ce que donnaient ces montages dit « ultra-low » par une simple curiosité à mon avis pas très éloignée de celle faisant quitter la Spinner Vision et le Stardust v3 au profit d’un mod et d’un atomiseur reconstructible. La démarche aura été progressive, constituée de tests successifs sur des montages de plus en plus bas en résistance pour atteindre finalement une sorte de limite psychologique située me concernant autour d’une poignée de centièmes d’ohm.
Ne pas faire le mariole
Lorsque l’on aborde ce genre de fantaisie, il faut bien être conscient que l’on s’expose à divers dangers loin d’être anodins. Le matériel utilisé doit impérativement être adapté à l’exercice par diverses isolations thermiques et un système d’air-flow suffisant pour dissiper la température et la vapeur produites. La source d’énergie, box ou mod, doit être conçue pour ce genre d’usage et protégée soit électroniquement soit mécaniquement par des dispositifs adaptés, notamment au niveau des switches qui doivent être capables d’encaisser de forts ampérages. Enfin, les accus utilisés doivent absolument être en excellent état, de marque reconnue et capables de produire une intensité de décharge instantanée d’au moins 30 ampères.
Ultra-low, la recette :
– Choisir le bon setup

Le setup de test présenté ici obéit aux recommandations données ci-dessus, constitué d’un Rampage RDA clone taillé pour la compétition vissé sur une box 100% mécanique Dimitri entièrement récurée pour l’occasion et équipée de deux accus 18650 de type VTC4 en bon état et fraîchement chargés.
– Soigner le montage
Le montage du Rampage RDA en triple-coil a été présenté sur le navire ici. En toute logique, la résistance résultante de 0,15 ohm obtenue lors de ce montage devrait se trouver divisée par deux par un doublement du nombre de bobines. C’est donc un montage en hexa-coil visant 0,075 ohm que nous allons tenter de réaliser.
La préparation des solénoïde de Kanthal est désormais bien connue et je ne m’y attarderai pas. Le résistif retenu pour l’opération est d’un diamètre de 0,5 mm, les bobines sont constituées de six spires de 2,5 mm de diamètre. Aucune difficulté donc, à ceci près qu’il faut produire des bobines deux à deux symétriques pour un montage harmonieux. Il suffit pour cela d’alterner le sens du bobinage autour du gabarit en alternant démarrage vers le haut et démarrage vers le bas.

Une fois les six bobines réalisées, il reste à les placer et à les fixer sur le plateau du dripper deux par deux, par paires symétriques. On ne va pas se mentir, c’est un jeu de patience et une rude épreuve pour les nerfs. La binouze entre chaque paire de bobines mise en place serait certes une bonne idée mais on ne peut raisonnablement encourager à la picole un type plongé dans une expérience périlleuse réclamant tout le soin et toute la concentration possible ! Au bout d’un temps plus ou moins long émaillé de jurons fleuris et de plusieurs sautes d’envies éphémères de tout laisser tomber, le résultat est enfin là.
Le passage à l’ohmmètre constitue une première validation du tricotage métallique. Enfin… Quand il fonctionne, ce qui n’est plus le cas de mon précieux boîtier de mesure des ohms acheté il y à peine quelques mois et désormais en liberté totale quant aux valeurs de résistance affichées. Le « made in China » peut faire sourire lors d’un achat à prix cassé, il ne tarde généralement pas à faire pleurer. La mesure est donc confiée à la box IPV-D2, assez aimable pour l’effectuer malgré un « Low Res ! » lapidaire lâché en guise d’introduction… 0,08 ohm… Yeah !

Le moment est alors venu d’installer l’atomiseur ainsi garni sur une source de courant électrique adaptée, la Dimitri Box et ses accus VTC4 en l’occurrence, pour un dernier test de validation du montage. Une petite pensée émue pour la loi de Ohm fixe utilement les idées car selon P = U² / R, ce seront avec les VTC4 affichant 4.0 volts, P = 4² / 0,08 = 200 watts qui vont circuler dans le bazar.

Wouhaou, ça rougeoie nerveux ! Et ça chauffe aussi… Quoiqu’il en soit, le montage semble tenir le choc. Pas d’odeur de brûlé, pas de jet de gaz enflammé au cul de la box, pas d’expulsion violente de l’atomiseur en direction du plafond, j’ai toujours deux mâchoires et dix doigts en bon état.
– Bien garnir les bobines
La garniture des bobines est confiée au coton japonais « Puff », découpé en trois bandelettes d’environ quatre centimètres de long sur trois millimètres de large. J’ai inséré ces bandelettes par le haut des bobines, récupérant les extrémités au niveau de la cuve à l’aide de pinces brucelles pour finaliser la mise en place. Encore un jeu de patience…
Il ne reste alors plus qu’à saturer tout ce petit monde de liquide à vaper, quelque chose de lourd et costaud qui tient le watt comme qui rigole… Some Grumpy’s Hooch, of course !
Ultra-low, la vape :
Le montage se montre extrêmement réactif, grésillant joyeusement au moindre effleurement du switch. La vapeur produite est tout simplement démente et le Grumpy’s Hooch ainsi malmené révèle des saveurs d’outre-watt jusqu’ici inconnues. Malheureusement, le plaisir est de courte durée car le sale goût avant-coureur du dry-hit ne tarde pas à montrer le bout de la truffe tandis que le corps de l’atomiseur s’échauffe à ne plus pouvoir être touché. Il faut arrêter là l’expérience !
Car ce n’est bien sûr qu’une expérience… Il n’est pas à mon avis envisageable d’adopter une telle vape au quotidien. Trop de préparation, trop de consommation de liquide, trop de vapeur, trop de chaleur, trop de condensation, trop de tout. Néanmoins, cette vape extrême mérite d’être visitée. Elle est un peu ce que la formule 1 est aux voitures de série, à savoir un terrain d’apprentissage qu’il convient d’aborder si on en a l’envie, très prudemment et très correctement équipé.
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