ESmokeGuru, ESG pour les intimes est un bon gros shop en ligne de nationalité grecque spécialisé dans le « high-end », le beau matos que seuls nos camarades hellènes savent aussi bien faire. Bien sûr, les superbes atomiseurs et mods mécaniques proposés par GUS, Golden Greek, Atmomixani, Metal Madness, Vapour Art et consors ne semblent plus aujourd’hui faire rêver qu’une poignée d’aficionados attachés à la belle vape et aux beaux objets, aussi beaux qu’onéreux d’ailleurs mais d’autant que j’en sache, ce marché de niche continue de fonctionner même si l’art vapistique grec tient désormais moins le haut du pavé qu’il y a deux ou trois ans.
J’ai pour ma part rencontré ESG lors de l’achat de pièces pour mon GG Ithaka, la boutique étant alors revendeur officiel du Golden Greek. Une ou deux transactions en ligne ne faisant pas une intimité, je n’en sais guère plus mais ai été tout de même surpris d’y voir lors d’une récente visite, tous les articles estampillés GG rangés sous un menu spécifique et lourdement soldés en mode liquidation de stock. L’explication est arrivée bien vite, ESG étant devenu concurrent de leur ancien fournisseur en se lançant dans l’étude et la confection d’un atomiseur à tank dénommé Skyline marchant nettement sur les plate-bandes du Golden Greek. Bien que très attaché au travail de Imeo Thanasis, impressionné par sa disponibilité sans faille sur les forums spécialisés et enchanté depuis plusieurs mois par un Tilemahos Armed issu de ses compétences hors normes en matière de vape, je me suis retrouvé rapidement tenté par un test du Skyline signé ESG, alléché par des retours dithyrambiques sur le nouveau venu.
Le buzz n’a certes guère tardé à raréfier des Skyline produits en petite série mais j’aurais encore pu obtenir un original lorsque que m’y suis intéressé, sauf que son prix situé autour de 200€ m’en a immédiatement dissuadé. Je ne sais pas comment cela se passe pour vous mais en ce qui me concerne, 200€ constituent une fort belle somme que je refuserai toujours de débourser sur la bonne foi d’articles complaisants, de deux ou trois pauvres photos affichées par un shop ou d’un embrasement de forum souvent aussi éphémère qu’un feu de paille. Nous allons donc évoquer ici le clone SXK du Skyline, étant entendu qu’un achat d’original pourra évidemment suivre si les tests s’avèrent concluants. Les clones servent aussi à cela !
L’anatomie du Skyline
J’aurais bien aimé éviter de commencer par la sempiternelle photo gonflante de l’atomiseur démonté mais force est de reconnaître que pour ce genre de matos sortant assez nettement de l’ordinaire, il faut bien nommer tant bien que mal les différentes pièces constituantes histoire de se mettre d’accord sur une nomenclature, pour savoir de quoi on parle. Alors voilà…
Nous avons ici sur la rangée du haut et de gauche à droite la base de l’atomiseur, la cheminée, la chambre de vaporisation et le tank pyrex. Sur la rangée du bas, toujours de gauche à droite, nous reconnaissons une bague de réglage d’air-flow, une bague de verrouillage du top-cap, un top-cap et un drip-tip. Insister sur la qualité de l’usinage réalisé par SXK serait une apologie du clone parfaitement déplacée, intéressons nous donc tout de suite à la base de l’atomiseur.
La base du Skyline présente deux plots curieusement placés côte à côte mais surtout deux énormes orifices d’arrivée d’air laissant présumer d’un tirage extrêmement aérien, caractéristique plutôt étrange pour un atomiseur grec. La vue de dessus confirme cette hypothèse, montrant un véritable gouffre situé classiquement sous l’emplacement de la bobine résistive.
Le rapprochement des plots positif isolé par PEEK et négatif taillé dans la masse ne laisse cependant pas la place à des bobines de grande longueur ou de fort diamètre… Une sorte de rigole taillée en un cercle presque complet dans l’épaisseur du plateau entérine un cotonnage guidé et donc aisé, quoique assez étroit. Il serait donc risqué de s’emballer sur un éventuel côté philippin du Skyline d’autant qu’il n’est certainement pas prévu pour être vapé ouvert à la one-again, comme le montrent les différents accessoires fournis.
Nous apercevons ici un jeu de joints toriques de rechange, deux vis de serrage, un drip-tip de Delrin et surtout trois bidules de PEEK qui sont en fait des réducteurs d’air-flow. Nous y voilà, le vapoto devra réduire l’arrivée d’air cyclopéenne de la base en y insérant une de ces pièces différemment percées. Aucun souci d’ailleurs si aucune des ouvertures ne convient parmi les trois fournies, ESG a prévu sept autres modèles permettant une adaptation du tirage au plus juste des goûts de chacun mais à 4,50€ pièce quand même. Quoi, le réducteur le plus à droite sur la photo a une drôle de tronche ? Ben oui, il a une drôle de tronche…
Il se trouve que lors des premiers tests, votre serviteur a évidement opté pour l’ouverture la plus vaste et s’est servi de l’atomiseur comme d’hab’ sans plus y penser, jusqu’au classique dry-burn de nettoyage du coil. Là, forcément, le PEEK n’a pas aimé. Un petit coup d’abrasif fin lui a redonné depuis un aspect soyeux, classant l’incident au rang des mauvaises idées de néophyte. Ceci étant, ces réducteurs de flux en plastique interdisent bel et bien la pratique du dry-burn, j’ignore si cette décision a été délibérément prise par nos moddeurs grecs pour se faire bien voir du bon docteur Farsalinos mais en tous cas, elle s’avère plutôt pénible à l’usage. Tant pis, on fera du TC avec du nickel 200… Naaaan, je rigole !
Le remontage du Skyline
Bon et bien comme on en a déjà parlé, on insère tout d’abord le réducteur d’air-flow qui va bien dans l’emplacement prévu à cet effet.
Evidemment, l’arrivée d’air se trouve très diminuée par cette inclusion mais reste tout de même assez conséquente. Comme à l’habitude, je n’ai pas pris soin de tester les deux autres réducteurs, laissant à chacun le soin d’imaginer leur influence sur la vape produite. Au fait, comme s’y prend-t-on pour changer de réducteur ? Ca n’a pas l’air évident du tout d’en retirer un pour en placer un autre ! Ah ha… ESG (et SXK) a tout prévu :
L’outil spécifique visible sur la photo ci-dessus est fourni gracieusement avec l’atomiseur afin de nous éviter de tourner en bourriques lors de l’extraction du réducteur et c’est plutôt bien. Poursuivons donc notre montage…
La bague de réglage d’air-flow vient s’enquiller sur une petite boule d’acier incrustée dans la base, un rail interne permettant ensuite sa rotation. Les amateurs du Tilemahos Armed comprendront immédiatement ce fonctionnement, l’élégante petite bille remplaçant ici avantageusement la vis horrif portée par la base du cousin grec.
Les fentes pratiquées dans la bague sont tout aussi énormes que leurs homologues de la base mais avec l’air-flow réduit par la pièce de PEEK au niveau du plateau, on commence à se dire que notre chouette flux d’air risque fort de connaître quelques embouteillages à la sortie. La base est à présent prête à l’usage, laissons-la de côté quelques instants pour nous intéresser à la cheminée et à la chambre.
La cheminée comporte un long pas de vis destiné à trouver un filetage pratiqué à l’intérieur de la chambre. Elle s’y visse donc en insérant par exemple un auriculaire dans sa partie évasée et en tournant dans le sens qui va bien, jusqu’en butée.
En fin de vissage, le haut de la cheminée usiné comme un écrou à six pans dépasse de la chambre pour accueillir le top-cap profilé pour s’y encastrer.
Nous pouvons maintenant pousser le tank pyrex sur le gros joint torique porté par le haut de la chambre.
La version originale du Skyline est je crois livrée avec un tank PMMA d’une capacité limitée à 2 ml en conformité avec la TPD, il me semble que le tank pyrex de 4 ml est également fourni en spare. SXK ne s’est pas embêté avec le plexiglas, ne prévoyant que la version pyrex. La bague de verrouillage du top-cap vient ensuite verrouiller le top-cap (qui l’eut cru ?), se vissant sur le filetage pratiqué au sommet de la chambre.
Quelques tours de vis plus tard, le corps de notre Skyline est prêt à se fixer sur sa base via le filetage visible à l’extrémité gauche de la chambre sur la photo ci-dessous.
Ah tiens, pendant que j’y pense… C’est super-sympa d’écluser des binouzes en lisant ces quelques lignes mais si les différentes photos ci-dessus paraissent légèrement floues, c’est que la dose est atteinte et il vaudra sans doute mieux baisser le coude quelques instants !
Le fonctionnement du Skyline
Comme nous l’avons vu, le choix de tirage pour l’atomiseur doit s’effectuer a priori en sélectionnant un réducteur de PEEK sur sa bonne mine. La bague de réglage d’air-flow ajoute à ce choix de vastes possibilités de modulation permettant assurément un réglage précis. J’ai pour ma part tout ouvert à fond d’entrée mais la collaboration des deux mécanismes offerts permettra certainement à chacun d’y trouver son compte.
Les gars de chez ESG ne se sont pas fadé une cheminée étrange et une chambre bizarre juste pour faire genre, les moins nigauds d’entre-nous se doutent bien que le mécanisme élaboré évoqué ci-dessus lors du remontage de l’atomiseur abrite un truc dément super-astucieux qu’il va maintenant falloir expliquer.
Et oui, c’est un superbe mécanisme réglant l’arrivée de liquide précis comme du papier à musique ! La photo ci-dessus prise en fin de montage le montre fermé, pas une goutte de nectar aromatique ne pouvant traverser les fenêtre ovales hermétiquement closes visibles en bas de la chambre. Mais si on se met à tourner le top-cap, aidé en cela par les jolies encoches formant un grip…
Miracle ! la cheminée remonte progressivement dans la chambre comme un store sur une vitrine de magasin vue de l’intérieur pour permettre au liquide prisonnier du tank d’affluer vers le coil ! Ah, c’est beau, c’est fort, c’est ingénieux. Encore faut-il qu’il y ait du liquide dans le tank, bien sûr.
Pour remplir le Skyline, il suffit de dévisser la bague de verrouillage du top-cap pour le déverrouiller (qui l’eut cru !) avant de l’ôter carrément. On peut alors très aisément déverser un torrent de liquide dans les entrailles de l’atomiseur, non sans avoir préalablement descendu totalement la cheminée afin de couper la route du coil à d’éventuelles inondations.
L’utilisation du Skyline
Le vapoto ne peut jusqu’ici qu’être ravi de son Skyline. Praticité d’emploi et versatilité des réglages sont au rendez-vous et notre machine ressemble à s’y méprendre à un authentique caviar de vape. Je n’ajouterai encore une fois aucune appréciation de l’excellent travail d’usinage et de finition produit par SXK pour cette version répliquée afin d’éviter définitivement toute apologie du clone et amènerai sans plus attendre le bémol, la taule, la mandale, le bourre-pif, la grosse déception encaissée lors de l’utilisation de ce Skyline.
L’air-flow, tout d’abord m’a déçu par ses promesses non tenues. Les énormes orifices pratiqués ou ça va bien ne remplissent pas leur rôle comme attendu, amenant en ouverture maximale un tirage à peine confortable en inhalation dite directe. Bon, cette remarque ne gênera que les vapotos aériens, les autres se satisferont vraisemblablement des très vastes possibilités de réglage offertes par cet atomiseur. J’aimerai cependant assez comprendre où passe l’air capté par l’autoroute ouverte sur la bague de réglage et la base pour échouer si chichement au niveau du drip-tip. Bien sûr, j’ai essayé de vaper sans réducteur pour un gain sensible mais de sales dry-hits sont alors immédiatement venus troubler la fête.
Et ces dry-hits seront ma seconde doléance car je n’ai jamais réussi, même après de multiples essais de « coiling » et de « wicking » divers et variés réalisés avec et sans réducteur d’air-flow à les éradiquer totalement. Mon Skyline SXK me donne trop souvent l’impression de marcher sur un fil, de vaper perpétuellement aux limites du dry et ça, c’est franchement pénible. Bien sûr, un atomiseur est une rencontre et j’ai peut-être seulement raté le coche comme lors des tests du FEV 4 où je n’obtenais rien de bon d’un atomiseur par ailleurs largement plébiscité avant de finalement parvenir à le mettre en ordre de marche. Nonobstant, j’ai déjà au moment où j’écris essayé moultes configurations, vidéo-tutos à l’appui sans résultat vraiment satisfaisant. L’ombre du tiroir à matos avance et la menace du rebut plane sur le Skyline mais nous irons tout de même jusqu’au bout de l’exposé avec ci-dessous la présentation d’un montage qui ne sera que le moins foireux mis en œuvre sur l’atomiseur.
Parti en fanfare avec un Kanthal 0,5 mm sur 8 spires en 2,5 mm de diamètre tellement admirable et merveilleux dans le Tilemahos Armed, j’ai vite revu ma copie pour cause de dry-hits en série pour tenter un Clapton en 6 spires de même diamètre qui n’a guère fait mieux. J’ai donc finalement échoué sur un pauvre coil de Kanthal 0,4 mm bobiné sur 8 tours toujours en 2,5 mm de diamètre, un peu déformé sur la photo ci-dessus car provenant du resserrage d’une bobine en spires espacées aussi décevante que les montages précédents. Parmi les différentes fibres soumises aux caprices du Skyline, nous avons le Puff, le coton japonais :
L’étroitesse de la rigole entourant la base des plots n’autorise pas le cotonnage foisonnant, d’où la coupe courte des pattes de mèches, rabattues vers l’intérieur pour se présenter bien en face des fenêtres permettant la prise de liquide.
J’ai aussi tenté plus long avec de la Fiber Freaks densité #2, en ramenant les pattes de mèche vers l’avant en suivant la rigole à jus :
Cette seconde option paraît un peu meilleure que la précédente sans que je ne sache si le mode de placement du coton ou sa nature plus capillaire en est responsable. Bien sûr, je n’ai pas envoyé les watts très longtemps sur le Skyline qui n’aime manifestement pas trop être bousculé. Les 28 à 30 watts magnifiquement encaissés par le Tilemahos Armed pour la production d’une vapeur inégalée étant ici hors sujet, je me suis calé sur 24 puis 22 watts afin d’éviter les ennuis, descendant même jusqu’à 20 watts en période particulièrement aride.
0,98 ohm… Même sans être un gros furieux de la résistance basse, je ne me souviens pas d’avoir récemment vapé aussi haut y compris sur le FEV 4 ! Et pourtant, malgré toutes les concessions faites à mes petites habitudes, le Skyline envoie encore de temps en temps des bouffées âcres parfaitement désagréables quelque soit le degré d’ouverture de son ingénieux système d’alimentation…
Et pour finir, la vape du Skyline
Pourquoi s’obstiner, me demanderez-vous. Pourquoi se casser la nénette à tester tous ces montages, toutes ces options si le résultat n’est pas à la hauteur ? Et bien la réponse est simple et déjà certainement dans l’esprit de celles et ceux qui auront eu le courage de me lire jusqu’ici. Le Skyline est beau et vape somptueusement entre deux dry-hits, produisant une vape très dense malgré les faibles puissances tolérées, onctueuse et surtout gorgée de saveurs comme je l’ai très rarement rencontré.
Un autre ténor grec du genre, le Phenomenon de GUS m’a également scotché par un rendu incroyable mais cet atomiseur percé de rares trous, minuscules de surcroît, tire définitivement trop dur pour moi et son compte s’en est trouvé rapidement réglé malgré son exceptionnelle qualité de vapeur. Le Skyline est plus embêtant car même s’il ne s’avère à l’usage pas aussi aérien en mode « full open » que son anatomie pourrait laisser le supposer, il permet néanmoins une inhalation directe très acceptable. Il place en fait son vapoto aux limites du nirvana, laissant entrevoir toutes les merveilles qu’il sait produire tout en gâchant régulièrement la fête d’un moche de dry-hit peut-être du seulement à une maladresse ou à une incompréhension de ma part. Rien de tel pour s’accrocher et tenter coûte que coûte de le dompter comme il se doit mais là, je commence juste à en avoir marre.
Donc voilà, si quelqu’un a une recette pour sortir ce bel atomiseur de l’ornière, je prends sans hésiter à condition bien sûr qu’il ne soit pas question d’amoindrir l’air-flow ou… D’acheter l’original !
Bonne vape à toutes et tous, si possible en Skyline !
Dernière minute !
Ne sachant plus quoi inventer pour parer aux dry-hits à répétition du Skyline, je lui ai collé sans trop y croire une grosse bobine de Clapton en 3 mm de diamètre sur 5 spires, bourrée de Fiber Freaks v2 très tassée limite compacte… Et vous savez quoi ? Plus aucune bouffée sèche depuis deux tanks, il vape d’enfer sans réducteur d’air-flow !
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