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Obsolète… Ou pas !

Lors de mes débuts dans la vape, je n’ai guère tardé à rechercher des réponses aux questions fondamentales posées par le matériel standard de l’époque, telles la restauration d’une résistance de eVod ou le nettoyage pyrolytique du Stardust, opération de haute voltige dont on trouvera le célébrissime tutoriel de référence ici.

Ces promenades en ligne ont bien sûr déclenché quelques virées timorées vers des sujets beaucoup plus hermétiques qu’un simple dry-burn de clearomiseur, vers des lieux où les contributeurs avaient l’air de bien rigoler avec leurs mods, leurs reconstructibles, le Kanthal, les watts et les ohms. Inutile évidemment de préciser que je n’y captais à peu près rien, retenant juste quelques noms de matériels particulièrement plébiscités.

Les mois puis les années passant, les concepts brumeux de l’époque se sont quelque peu éclaircis et c’est donc avec une certaine curiosité que je tente aujourd’hui de profiter autant que possible de matériels obsolètes mais légendaires rescapés de ces époques révolues, désormais proposés à bas prix au gré des soldes, déstockages et autres liquidations. Un dripper Tobh Atty s’est ainsi retrouvé récemment dans le tiroir à matos, commandé en version acier et reçu par erreur en une version cuivre rapidement adoptée.

Le Tobh Atty est américain, sorti de l’imagination du moddeur Jay Bo devenu depuis mondialement célèbre grâce à plusieurs best-sellers issus de sa collaboration avec le chinois Wismec. L’aspect sage et sobre du Tobh Atty pourra peut-être faire ricaner face aux dernières générations de drippers cosmiques en 24 mm et plus mais à sa sortie début 2014, ce RDA et quelques uns de ses comparses de gamme lançaient le « cloud-chasing », provoquant déjà quelques grincements dents partout où l’on vape serré. Deux groupes de trois orifices avoisinant chacun le millimètre de diamètre pour l’arrivée d’air et des ailettes de refroidissement dignes d’un moteur de mobylette frôlaient à l’époque l’ultime impertinence.

Le Tobh Atty est classiquement constitué de trois pièces, une base, une chambre et un top-cap. La base reste en acier sur la version cuivre, elle présente un plot positif amovible et deux plots négatifs taillés dans la masse. Les ergots visibles sur le rebord supérieur de la cuve permettent d’occulter un ou deux des orifices d’arrivée d’air pratiqués sur les parois de la chambre par rotation de cette dernière sur le joint torique de maintien. Le top-cap présente un usinage en dôme bien marqué, favorisant la concentration des arômes pour un rendu optimal des saveurs. La vis de contact du plot positif, non réglable, est en cuivre pour une conductivité améliorée.

Destinant ce dripper à un mod mécanique issu de l’esprit de son époque d’origine, il convient de choisir un équipement résistif adapté. Hors de question ici de taper au-delà de l’ohm, le Tobh Atty n’est pas fait pour ça. Sa configuration en trois plots permet d’envisager un double coil par placement tête-bêche de deux bobines ou la confection d’un « sleeper-coil ». Volontiers adepte de la prise de tête en matière de vape, c’est cette seconde option que j’ai choisie. Pour réussir un « sleeper-coil », il faut un bon bout de Kanthal dans lequel on tourne une première bobine en mode classique, de préférence près d’une extrémité du brin. On place ensuite cette bobine sur la base, la patte courte dans un plot négatif et la patte longue dépassant largement du plot positif. Les ennuis commencent là puisqu’il faut alors confectionner la seconde bobine en direct sur l’atomiseur sur la patte longue avant d’enfiler l’extrémité restée libre dans le second plot négatif. La manipulation n’est pas insurmontable mais nécessite un peu de patience pour régler correctement les spires et obtenir un résultat à peu près potable.

Le montage ainsi obtenu par deux fois six spires de Kanthal 0,5 enroulées sur un diamètre de 2,5 mm donne une résistance résultante d’environ 0,2 ohm, à mon sens la limite basse pour un dripper en 22 mm. Il ne nous reste plus qu’à choisir une source d’alimentation électrique appropriée, évidemment mécanique comme dit plus haut. Il se trouve, par le plus grand des hasards que je dispose justement d’un mod ressemblant fortement au superbe Akuma des philippins de GP Custom, une belle pièce de cuivre dépourvue de toute électronique.

Si le cuivre ne me paraît pas apporter de gain électrique déterminant à l’atomiseur dont la base reste classiquement d’acier, il n’en va pas de même pour le mod. Ce métal est en effet vice-champion de la conductivité puisqu’il s’y classe juste après l’argent et peut amener une bonne patate en réduisant la perte énergétique due à la résistance interne du mod ou « volt-drop ». N’oublions pas que l’acier 316L utilisé pour le corps de la plupart des tubes à vaper présente une résistivité non négligeable l’autorisant même à servir de fil résistif pour nos montages !

Selon la loi de Ohm, la puissance théorique demandée à l’accu par le montage présenté sera de P = U/ R soient avec un accu chargé à 4 volts : 4/ 0,2 = 80 watts. L’intensité du courant sera, selon la même loi, de I = P / U soient 80 / 4 = 20 ampères. Il est donc particulièrement important d’équiper notre mod d’un accu de qualité en bon état et de marque reconnue comme LG, Sony ou Samsung pour assurer sans danger la demande énergétique importante développée en cours de vape. Cette précaution étant prise, il est temps de tester notre setup obsolète avec un liquide adapté, peu nicotiné et bien chargé en VG.

Comme on pouvait s’en douter en me voyant arriver chaussé de gros sabots, je trouve la vape produite par ce montage absolument magnifique. La vapeur et les saveurs sont royalement présentes, les liquides sont sublimés en des instants de vape remarquables et inoubliables. Le plus épatant est que l’atomiseur chauffe relativement peu lorsque soumis au feu ardent du courant électrique. Peut-être est-ce un bienfait du cuivre, largement utilisé par les casseroles des chefs cuistots étoilés et les bassines des grand-mères friandes de confitures. La nouvelle est bonne et fera oublier les menus inconvénients de ce chouette métal s’oxydant au simple contact de la peau et se déformant au moindre choc inopiné.

Ce constat d’excellence étant posé, il reste à comprendre pourquoi tant d’atomiseurs bien moins performants que le Tobh Atty l’ont supplanté sans vergogne et sans résistance particulière de notre part… A croire que mode et marketing nous fourguent du matériel à la chaîne sans savoir, sans aucune préoccupation d’offrir ce qui est bon. Peu de RDA récents étant à mon avis meilleurs que cet antique Tobh Atty, on peut légitimement se demander si la vape ne tournerait pas légèrement en rond…

Bonne vape à toutes et tous, en bon vieux matos qui vape !  :bye:

Ecrit par Nesquick

Nesquick, dans la vape depuis 2013.
Intéressé par la découverte de ce nouveau monde de saveurs et de techniques... Bonne vape à tous !

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