Les liquides goût tabac n’ont pas bonne presse, il suffit de parcourir les nombreuses sources d’informations disponibles pour s’en rendre compte. Le microcosme de la vape, à l’instar des autres microcosmes, créé ses castes, ses modes et ses courants, on ne va bien entendu pas en faire un drame.
L’opinion générale associe fréquemment le fait d’apprécier les goûts tabac à une vape « adolescente », en cours de maturation, pratiquée par un sujet encore à la recherche de ses cigarettes n’ayant pas réussi à couper le cordon de dépendance à ces dernières. S’il est vrai que beaucoup de vapoteurs recherchent le goût tabac en début d’expérience de vape pour s’en éloigner petit à petit ensuite au profit de saveurs plus fruitées ou plus gourmandes, il serait à mon sens hasardeux d’en faire une règle, une généralité.
Il existe en effet des vapoteurs qui, bien qu’ayant testé un nombre conséquent de produits variés, ne dédaignent pas de temps en temps descendre un petit tank de liquide au goût tabac, sans forcément d’ailleurs se nouer la courge à savoir si leur vape est mature ou pas. Peut-être que cette population d’anciens fumeurs consumait ses clopes pour assouvir un besoin en nicotine tout en appréciant réellement le goût de la plante originelle alors que d’autres tiraient sur le mégot seulement pour la première raison citée et peu ou pas pour la seconde.
Le goût est ainsi fait… Certains aiment les harengs, d’autres pas. Certains feraient des kilomètres sur le ventre pour se taper un ballotin de macarons, d’autres s’en tapent comme de l’an quarante. Il en va vraisemblablement de même pour le tabac, certains apprécient sa saveur et d’autres moins, qu’ils aient été fumeurs ou non.
Personnellement, j’aimais assez griller un petit cigare de temps en temps, souvent en période de vacances.
Je m’abstiendrais cependant d’utiliser la pratique du cigare comme critère discrimant les fumeurs aimant la saveur du tabac des autres car sur le Navire, le Capitaine a souvent souligné son peu d’attrait pour les goût tabacs tout en ayant pratiqué le cigare. La planche… Les Requins… Gloups…
Bon, tout ça est bien compliqué, le mieux est sans doute de considérer que certains aiment les liquides au goût tabac et que d’autres ne les aiment pas, les seconds paraissant quand même plus nombreux que les premiers. Si le Navire constitue un échantillon statistique représentatif, on constate que seul le maître-canonnier y affirme apprécier cette famille de liquides tout en s’en détachant, me semble-t-il de plus en plus. Je continuerai donc seul, tel un chevalier altier des temps anciens harrassé par les embûches multiples d’une improbable croisade d’honneur.
Après quatorze mois dont huit sans aucune cigarette, ma vape est-elle mature ? Ai-je encore, au plus profond de mon être, le taraud pernicieux de la recherche des cigarettes abandonnées jadis ? Et bien franchement, je m’en balance grave. J’aime les goûts tabac de Halo, Strix Elixirs, Alien Visions, SandsMods, AllDay et pis c’est tout. Voilà, c’est dit.
Aimant donc les goûts tabac, je me devais depuis fort longtemps déjà tester les produits phares du genre, les liquides de la maison du. Ah, vous ne parlez pas anglo-saxon… de House Of Liquid, voulais-je dire. C’est désormais chose faite, après m’être oxydé les nerfs sur les ruptures de stock de la filiale française et finalement tapé direct la maison mère. Parfaitement, des ruptures de stock ! Comme quoi, on est quelques uns à apprécier le goût tabac… Quoi ? Ceux qui asséchent les rayons sont tous des novices en mal de clope ? C’est slâ oui, c’est slâ…
Placé sous haute surveillance par le cochon-tirelire, je n’ai pu dévaliser la House… J’ai juste pris trois parfums, à savoir Guevara, Perique et Chivalry. Guevara et Perique font partie de la gamme « El Toro », fleuron du goût tabac pur et dur tandis que Chivalry appartient à la famille « The Cellar », également typée tabac mais alambiquée de surcroît par divers types de séjours en fûts de bois véritable.
Les liquides de la House ont un point commun de puissance, de hit et de vapeur. Ils dépottent gravissime, même en 12 milligrammes de nicotine. Ils emplissent la bouche, s’emparent de la langue, prennent la base du nez pour ne pas la lâcher et restent en arrière goût comme en pays conquis. Je crois que l’on doit dire « longs »… Ces trois HOL sont longs en bouche, très longs même. Au contraire d’autres goûts tabac que j’ai pu tester, ces liquides sont durs et secs. Ici, pas de moelleux comme chez Grumpy’s Hooch, pas de sucre, pas de concession. La feuille de tabac vous percute la truffe comme le ferait un silex aux arêtes acérées. Ils n’ont pas le goût d’une cigarette ou d’un cigare, ils ont le goût de l’odeur de la boîte de « puros » ouverte.
Conformément à leur légende, mes trois HOL se sont révélés être de redoutables « coil killers » avec une mention spéciale pour Chivalry qui vous démolit une résistance à une allure telle que vous sentez l’épaisseur de gunk croître à chaque taf tirée, tandis que le tank vire inexorablement du jaune d’or au noir d’ébène. Guevara et Perique sont quand même un poil au-dessous, restant dans le périmètre déjà fortement nuisible d’un House Blend ou d’un Grumpy’s Hooch.
Ayant récemment identifier l’importance de le dire, j’ai vapé ces liquides en Taifun GT et Taifun « The Dripper », tous deux montés en micro-coil coton cardé.
Guevara
Passé le choc de la pemière latte, Guevara développe une saveur végétale rappelant le sac de récupération des tontes de gazon après deux ou trois jours de chaleur humide. Oui, je sais, ça peut paraître rédhibitoire mais ça le fait grave grâce aux harmoniques, comme en musique. Les nuances convergent pour amener les sens vers la feuille de tabac suspendue aux poutres d’un hangar, séchant en fermentant pour aboutir aux effluves que nous connaissons tous. Le tabac est brun-vert, absolument authentique. Un régal.
Perique
Perique tape fort, comme son collègue Guevara mais fait disparaître le côté végétal au profit d’une saveur fruitée. Comme on n’est pas vraiment ici dans le monde du moelleux, ce n’est pas de la pêche ou de la fraise, inutile de le préciser ! La vapeur est assez amère à l’inhalation et s’arrondit à l’exhalaison. L’image vaudra ce qu’elle vaut mais le goût de ce liquide me fait penser aux sensations produites lorsque l’on croque un cerneau de noix, rencontrant d’abord l’amertume de la petite pellicule qui l’entoure pour ensuite trouver le goût arrondi du fruit sec. Le goût tabac se développe ensuite sur l’arrière-plan, large et puissant.
Chivalry
Chivalry est celui dont j’ai le plus apprécié l’odeur à l’ouverture du flacon et le seul qui ait failli me faire gomir après le premier tank. Quelle horreur, ce goût de vieux poisson perdu dans un fond de poubelle ! Et pourtant, il y a malgré tout de bonnes choses derrière ce truc horrif, comme ces traces fumées rappelant un thé noir de type Tarri Souchong. Et puis ils ne sont pas fous, chez HOL… Il n’auraient quand même pas commercialisé une abomination pareille au risque de torpiller leur gamme « The Cellar » ! Steeping, donc et comme on pouvait s’y attendre, 72 heures plus tard Chevalry n’est plus du tout le même. Tout le monde s’est calmé et arrondi, on flirte avec le gourmand en trois volets successifs composés en premier lieu de fruits secs, entre noisette et amande suivi d’un voile fumé curieusement sucré et enfin la base, la feuille de tabac emblématique de la maison du liquide.
Bon, voilà…
L’expérience HOL bien que limitée à trois variantes se soldera vraisemblablement par deux « all day » potentiels, Guevara et Perique et par un petit plaisir d’après repas, Chivalry. Pas mal du tout, mais pour partager cette découverte il faudra aimer les goûts tabac et les aimer vraiment !
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