L’histoire du présent mod Sui-side proposé par Suicide Mods ressemble me concernant à un grand classique du genre. Repéré dès sa sortie il y a quelques mois maintenant, je me suis alors dit « bien trop cher, nom idiot, double voire triple emploi avec d’autres pièces de ma collection, je passe mon tour ! ». Il aura ensuite suffi, comme souvent, qu’un shop national le fasse à -20% pour qu’un exemplaire se précipite dans le panier puis file vers la maison quelques heures plus tard.
Il faut dire que ce Sui-side ne manque pas d’arguments pour qui cherche à se convaincre d’en faire l’acquisition. Pur mécanique hybride, format 21700 compact, esthétique réussie tant en finition noire, inox, cuivre que laiton et pour ne rien gâcher, quelques choix de conception en nette forme de jamais vu.
Découverte du Sui-side
Le mod Sui-side mesure 79 mm de hauteur pour un diamètre de 33 mm, ces mensurations lui conférant un aspect clairement trapu. La surprise lors de la première prise en main est venue d’un poids de 182 grammes, plutôt élevé pour un matériel aussi compact. Notre mod se démonte entièrement, ce qui est toujours une bonne nouvelle en vue de sa maintenance mais permet aussi de placer une excellente photo de pièces détachées au succès jamais démenti les années passant.
Évidemment, les ennuis commencent dès ce premier cliché montrant des trucs inhabituels pour un mod mécanique. Comment dans ces conditions, nommer les différentes pièces ? Nous avons ici sur la rangée du haut et de gauche à droite, une bague de top-cap en Delrin, un connecteur 510 en laiton, un tube de cuivre fileté et une enveloppe de Delrin échancrée. Sur la rangée du bas, toujours de gauche à droite, nous reconnaissons trois joints toriques, quatre vis longues et deux courtes, une lame d’acier inox et un top-cap du même métal. Avant de poursuivre cette passionnante exploration du Sui-side, jetons tout de même un œil aux « spares » accompagnant le mod dans sa jolie boî-boîte.
Le moddeur n’a pas été chiche, nous trouvons ici des joints toriques et des vis de rechange aux deux formats, de couleur dorée alors que les exemplaires montés sont noirs, une clé de type « Allen » et une lame d’acier ressemblant comme deux gouttes d’eau à celle vue plus haut. Inutile d’entretenir artificiellement un suspens insoutenable, cette lame est un switch alternatif pour le mod, destiné à offrir une expérience de vape différente aux vapotos exigeants. Les lames brillant de mille feux sont une vraie tannée à photographier, j’ai fait de mon mieux pour présenter quelque chose d’à peu près regardable.
La lame montée d’usine est celle de gauche, sa consœur alternative étant celle de droite. Cette seconde lame est plus épaisse, sa zone de contact droite et concave semble suggérer un positionnement au plus près du corps de mod et donc une course plus courte. J’ai bien sûr testé ces deux types de switch, nous y reviendrons plus tard si tout va bien, une fois notre mod remonté et opérationnel. La première étape vers ce magistral résultat étant l’insertion du connecteur de laiton dans le top-cap inox, nous nous en occupons sans plus tarder.
L’opération peut sans doute paraître dantesque au vapoto peu dégourdi mais les gars de chez Suicide Mods ont semble-t-il eu à cœur d’éviter toute justification trop évidente de leur patronyme imbécile en parsemant leurs pièces de détrompeurs divers et variés. Il n’y a de fait qu’une façon de loger le connecteur dans le top-cap et c’est fort bien ainsi.
La bague de Delrin vient ensuite achever le top-cap en fermant le tout grâce aux quatre vis longues. J’ai trouvé les différents matériaux constituant ce top-cap particulièrement denses et massifs peut-être est-ce un indice justifiant le prix de vente élevé du Sui-side, situé quand même autour des 95 boules. Le switch choisi, « long » ou « court », se fixe au top-cap par les deux vis courtes à empreinte BTR.
Ces deux vis d’acier logées dans des pas taraudés au niveau du connecteur de laiton semblent robustes mais on ne peut s’empêcher de craindre un jeu s’installant au fil du temps et rendant le mod tout bonnement inutilisable… La même inquiétude prévaut d’ailleurs également lors de l’étape suivante du montage où nous vissons le tube de cuivre fileté garni de ses trois joints toriques sur le pas de vis usiné dans le Delrin de la bague du top-cap.
Le mode de fonctionnement du Sui-side saute littéralement aux yeux sur le cliché ci-dessus où nous comprenons sans coup férir qu’il nous faudra appuyer sur le switch jusqu’au contact avec le cylindre de cuivre pour faire feu. Je fus pour ma part assez friand de l’usage du cuivre dans les matériels à vaper à une certaine époque, poussé en cela par la conductivité élevée de ce métal, une des meilleures du monde. « Wesh ma gueule le vreucui y déchire sa race, gros ! ». Sauf qu’un jour, un vapoto est passé chez Dany pour expliquer que la quantité de métal utilisée pour façonner un corps de mod constituait une autoroute à électrons suffisamment large pour gommer la différence de conductivité existant entre le cuivre et d’autres métaux dont l’inox et qu’il ne fallait de ce fait pas attendre de miracle en termes de réactivité même en farcissant le matos de métal rouge. Bon… Quoi qu’il en soit, nos amis de Suicide Mods ont choisi ici le cuivre, amenant de toute façon un point de fragilité majeur à leur mod par un taraudage métallique mordant un filetage de Delrin qu’il faudra veiller à ne pas forcer, sous aucun prétexte même si le dit Delrin semble ici de fort belle qualité.
Le montage s’achève par la mise en place de l’enveloppe Delrin, elle aussi de bonne facture. Les trois joints toriques portés par le cylindre de cuivre interne rendent l’opération quelque peu pénible mais il faut bien que l’enveloppe tienne fermement en place ! Nos éminents camarades de chez Suicide Mods ont tout de même pensé à pratiquer quatre trous à la base du mod afin de permettre l’échappement d’air et amoindrir l’effet piston lors de l’opération.
Bon et bien voilà, je crois que nous avons fait le tour de la question… Le mod Sui-side se présente donc comme un petit cylindre court et trapu plutôt dense, son poids élevé pouvant être vu comme un gage de qualité. Son connecteur hybride où le plot positif de l’atomiseur entre en contact direct avec le pôle positif de l’accu écarte les problèmes de maintenance habituellement liés à des systèmes plus sophistiqués et permet un gain de compacité notoire. Le switch réduit à sa plus simple expression paraît ingénieux, lui aussi exempt des traditionnels soucis de nettoyage et participe assez joliment à l’esthétique globale. Le seul bémol réside selon moi dans le choix du cylindre de cuivre vissé sur le filetage de Delrin, ce cauchemar à bourrin nécessitera un soin particulier lors des opérations de montage et de démontage du mod afin de le préserver d’un recyclage trop rapide en objet de déco sur une étagère poussiéreuse du grenier.
Mise en œuvre du Sui-side
Justement puisqu’on en parle… L’insertion d’un accu dans notre chouette Sui-side nécessite l’enlèvement de l’enveloppe Delrin et le dévissage précautionneux du tube de cuivre !
Un astuce classique permettant d’atteindre la fleuchitude tant recherchée par les vapotos de tous poils consiste à visser l’atomiseur bien à fond sur le connecteur 510 avant l’insertion de l’accu, comme montré ci-dessous avec l’excellent Reload S par ailleurs chroniqué ici par notre Bruce favori.
Il n’est ensuite pas forcément inutile de vérifier la position du plot 510 de l’atomiseur à l’intérieur du top-cap, un plot trop court ne produisant en général pas le résultat escompté sur un connecteur hybride tel que celui du Sui-side.
Cette vérification faite, nous pouvons enquiller notre accu au format 20700 ou 21700 en le choisissant de préférence de bonne facture et en bonne santé, vape mécanique oblige.
Il nous reste alors à revisser doucement et précautionneusement le tube de cuivre en veillant à ne pas effleurer le switch lors de l’opération, sous peine d’envoyer le jus vers un atomiseur peut-être cotonné mais pas forcément rempli.
L’enveloppe de Delrin, quand même un peu difficile à pousser, termine le montage.
Et voilà, notre joli « setup » compact est prêt à faire son boulot !
Et pour finir…
Excellente conductivité du cuivre ou pas, ce mod Sui-side fonctionne vraiment bien, envoyant une réjouissante patate aux atomiseurs correctement vissés à son connecteur hybride. L’association cuivre / Delrin nécessite certes quelques précautions d’usage pour préserver la pérennité du pas de vis mais au vu de la qualité des matériaux, je pense qu’une main légère devrait garantir quand même un peu de longévité au mod. Tout serait donc à peu près parfait dans le meilleur des mondes ? Et bien non, pas totalement…
Comme on a pu le voir sur les différents clichés proposés ici, le switch du Sui-side est constitué d’une lame d’acier inox assez épaisse, solidement fixée au top-cap par deux vis d’aspect robuste, qu’il faudra amener au contact du tube de cuivre sous-jacent par la pression des doigts. Inutile d’être sorti major de Polytechnique pour deviner que ce switch s’avérera ferme à l’usage, très ferme voire trop ferme. Et c’est malheureusement le cas… Le switch du Sui-side est une horreur à manipuler, marquant profondément et douloureusement la pulpe des doigts, générant tendinites et autres désagréments musculaires après seulement quelques jours d’usage. Où avait-on la tête chez Suicide Mods pour proposer une telle purge ? N’y avait-il pas à disposition d’autres métaux plus souples et plus élastiques que ces affreuses lames d’acier rigides en diable pour faire le job ? Alors bien sûr, il y a le switch court fourni en spare que j’ai bien évidemment testé après environ deux taffes prises sur le montage par défaut mais sans aucune amélioration notoire. Je l’ai même limite trouvé pire que le premier, très rapidement remis en service.
Après cette approximation majeure et déplaisante, les deux autres points négatifs à souligner paraîtront sans doute anecdotiques. Le top-cap, tout d’abord, apparemment constitué d’acier inoxydable bien dense se pare de taches bizarres en cours d’utilisation, taches disparaissant fort heureusement sous l’action conjuguée d’un produit spécialisé et d’un frottage énergique.
Le tube de cuivre, ensuite, reste sujet à une oxydation assez rapide même protégé de l’acidité des doigts par l’enveloppe de Delrin. Plus grave, le point de contact du switch provoque de petites cavités à la surface du métal, vraisemblablement dues aux arcs électriques se formant lors de l’approche de la lame métallique.
Ce phénomène issu d’une approximation conceptuelle n’est pas forcément gênant en soi mais paraît tout de même de nature à perturber le fonctionnement du mod sur la durée.
Tout ceci aurait tendance à conforter l’idée d’un mod ne justifiant pas son prix de vente généralement observé autour de 95€ mais ne fait pas du Sui-side un mauvais mod, d’une part parce qu’aucun mod mécanique n’est parfait et d’autre part parce qu’il demeure un bel objet, compact et efficace. Pour être tout à fait franc, il me semble que le switch s’assouplit quelque peu après plusieurs semaines d’utilisation mais peut-être ai-je juste pris l’habitude de le serrer de ouf lors des prises de taffes… Quoi qu’il en soit, son association avec le Reload S marche du tonnerre et je ne le lâche plus, prenant soin de le changer fréquemment de main afin d’éviter de contracter le terrible « vapin’ elbow »…
Bonne muscu à toutes et tous, grâce au Sui-side mod !
Dernière minute !
Depuis la rédaction du présent article, mon Sui-side s’est mis à l’échauffement et aux miss-fires. Incroyable pour une mécanique aussi simple ! Après investigation, j’ai découvert qu’une petite cavité comparable à celles montrées sur le tube de cuivre s’est également formée sur le switch sous l’effet des arcs électriques produits en cours d’utilisation :
Cette cavité rencontrant l’une de celles apparues sur le tube, forcément, ça marche beaucoup moins bien. Je pense qu’un petit coup de Dremel suffira à égaliser et à élargir la zone de contact avec le tube, j’ai pour l’instant choisi de monter le second switch fourni quitte à achever mes pauvres doigts déjà malmenés par le premier.
Quoi qu’il en soit, je pense qu’on ferait bien chez Suicide Mods de retourner à l’université chinoise prendre des cours d’électrochimie avant de se permettre la mise sur le marché de telles daubes non préalablement testées et d’en demander 95 boules.
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