Parmi la multitude de synthés légendaire des début de l’aire électronique, un seul m’a réellement fasciné, le VSC3 de chez EMS. Un petit synthétiseur qui fait des bruits de l’espace, très utilisé par les Floyd, notamment sur On the run et par JM Jarre dans Oxygène!
EMS VCS3
Le EMS VCS3 (ou « Putney » comme il est parfois appelé) est un synthétiseur analogique modulaire produit pour la première fois en 1969 par la société britannique Electronic Music Studios (EMS). Connu pour sa conception innovante, c’est l’un des premiers synthétiseurs portables, souvent utilisé dans la musique électronique et expérimentale.
Son joystick à la manière d’une console de jeu est une des caractéristiques notables de ce synthétiseur. Il permettait aux musiciens de contrôler de manière intuitive certains paramètres du son, notamment la modulation et le filtrage.
Le joystick permettait à l’utilisateur de moduler deux paramètres simultanément, en déplaçant le manche dans deux dimensions (axes X et Y). Par exemple, un axe pouvait être assigné à la fréquence de l’oscillateur et l’autre à la coupure du filtre.
Caractéristiques principales du VCS3 :
- Conception modulaire : Le VCS3 n’a pas de câblage fixe, ce qui permet aux utilisateurs de modifier librement le routage du signal grâce à une matrice de patchs. Cette matrice est l’une des caractéristiques les plus emblématiques du VCS3, permettant de relier des sources de signaux à des destinations en insérant des broches dans une grille.
- Oscillateurs : Il dispose de trois oscillateurs (deux qui peuvent être utilisés comme sources sonores et un comme modulateur de basse fréquence, LFO).
- Filtre : Un filtre passe-bas avec résonance.
- Enveloppe : ADSR (Attack, Decay, Sustain, Release).
- Entrées et sorties externes : Permet d’intégrer des sons externes, ce qui en fait un outil polyvalent pour les studios d’enregistrement et les performances en direct.
- Contrôles supplémentaires : Il inclut des contrôles pour la réverbération à ressort, ainsi qu’un générateur de bruit.
La conception de On the run des Pink Floyd
Le morceau était initialement conçu pour être une simple improvisation à la guitare avant d’évoluer en une pièce électronique grâce à l’usage intensif du synthétiseur EMS VCS3. À l’origine, il devait représenter la peur de voyager en avion, un sentiment ressenti par Richard Wright et d’autres membres du groupe.
Utilisant le séquenceur du VCS3, le groupe a généré le motif rythmique répétitif et hypnotique qui sous-tend toute la piste. David Gilmour et Richard Wright ont programmé le séquenceur pour produire une boucle rapide de huit notes qui se répète continuellement, donnant une impression de vitesse et de mouvement, rappelant la course contre-la-montre.
Des sons de pas, des bips électroniques et des bruitages d’aéroport sont intégrés pour évoquer le stress du voyage.
Le son d’un avion à réaction, mêlé à un effet de phasing, contribue à l’atmosphère anxiogène.
Le morceau inclut également un effet stéréo spatial qui simule un objet se déplaçant d’une oreille à l’autre, renforçant l’effet de déplacement rapide.
« On the Run » représente symboliquement l’anxiété, l’agitation, et la fuite en avant, en lien avec la thématique globale de l’album qui explore des sujets comme la folie, la mort et la pression de la vie moderne.
JM Jarre et le VCS3
Jarre l’utilise bien évidemment largement, dans son album culte Oxygène. On peut le voir le manipuler au milieu de ce clip dans son studio.
Que peut-on faire avec le VCS3?
Un synthé qui est maintenant hors de prix et hors de portée d’un amateur de musique vintage;-). On le retrouve dans un plugin d’Arturia, mais rien ne vaut une belle machine que l’on peut tripoter en vrai
Une machine qui a du coffre, très complexe et puissante, ou l’on pourrait passer toute une vie à essayer… Mais voyons ce qu’on pourrait faire en 5 mn…