L’idée d’un atomiseur à tank permettant d’envoyer du watt et produire de gros nuages actuellement portée un peu partout par l’air du temps me paraît plutôt séduisante et c’est donc sans hésiter que j’ai accepté le test du clearomiseur « Triangle » de Smkon proposé par le Capitaine. Resté un peu sur ma faim après l’achat du TFV4 de Smok, il me paraissait en effet opportun de voir ce que propose la concurrence en la matière même s’il s’agit ici d’un produit assez peu répandu en nos contrées, manufacturé par une entreprise chinoise plus ou moins inconnue.
L’anatomie du « Triangle »
Le « Triangle » arrive dans une boîte de plastique garnie de mousse blanche mettant en valeur sa belle livrée noire.
Deux résistances l’accompagnent aux avant-postes tandis qu’une carte expliquant l’utilisation du plateau RBA, un sachet de coton type japonais et quelques joints, outils et pièces de rechange se dissimulent au fond de la boîte. L’atomiseur est propre, sans trace de poussière ou d’huile de découpe et semble prêt à l’usage. Les esprits perspicaces auront déjà remarqué la forme triangulaire des hublots de tank, probablement liée au nom du produit. A moins que ce ne soit l’inverse…
Le démontage du « Triangle » est aisé puisqu’il n’est composé que d’un drip-tip, d’un bloc tank / cheminée non dissociable d’une contenance de 4,2 ml, d’une résistance et d’un bottom-cap.
Le bottom-cap est standard, doté d’un connecteur positif non réglable mais néanmoins saillant, d’une bague de réglage d’air-flow à quatre trous et d’un filetage jointé toriquement en rouge destiné à recevoir le bloc tank. C’est précisément pour agrémenter ce triste conformisme que j’ai oeuvré aux effets spéciaux de la photo ci-dessus, consacrant plusieurs heures à l’obtention de cet espèce de cliché futuriste amenant le bottom-cap du « Triangle » vers une sorte d’hybride à mi-chemin entre Terminator et Robocop.
L’intérieur du bottom-cap montre un large pôle positif isolé des parois par un joint de belle taille. Ah ça, je ne l’avais jamais vu ! Je me suis immédiatement interrogé sur l’éventualité de pouvoir utiliser cette plaque métallique comme poêle à frire, pour par exemple faire cuire de petites quantités de pâte à blinis mais je n’ai malheureusement pas eu le temps de finaliser cet ambitieux projet.
Le drip-tip n’amène pas de commentaire particulier, mis à part ses deux joints toriques de silicone qu’il faudra vraisemblablement remplacer au plus tôt tant ils s’abîment déjà rien qu’à les regarder. Le tank semble fait de borosilicate (ou Pyrex) et ne rechignera donc pas à accueillir tous les liquides fruités ou anisés bien connus pour mettre à mal les matières plastiques. En manipulant l’objet, on s’aperçoit assez vite que le haut du bloc tourne comme une molette et c’est avec délectation que l’on se met à imaginer un mystérieux mécanisme high-tech dissimulé derrière un aspect ici encore assez standard.
Le haut du bloc comporte deux petite gravures, l’une représentant une sorte de pipette lâchant une goutte, l’autre un signal sinusoïdal. Ce sera surtout la première qui nous mettra la puce à l’oreille… Il s’agit bien d’un ingénieux mécanisme de remplissage du tank par le haut !
Rien de tel que les explications du constructeur pour y voir clair. Le top-cap du « Triangle » tourne comme une molette pour fermer ou obstruer un orifice de remplissage en positionnant le repère triangulaire en face de l’une ou l’autre gravure. L’orifice est fermé en « Working Mode », le « Filling Mode » étant atteint en l’ouvrant. Woaw !
En fait, le dispositif est encore plus ingénieux que cela car la rotation de la molette du top-cap entraîne également l’ouverture et la fermeture d’une valve située en fond de tank, permettant ou empêchant la descente du liquide vers la résistance.
En « Working Mode », l’orifice de remplissage du haut est fermé, la valve du bas est ouverte laissant le liquide descendre jusqu’à la chambre de vaporisation.
En « Filling Mode », l’orifice de remplissage du haut est ouvert, la valve du bas est fermée afin d’empêcher l’inondation de la chambre de vaporisation lors de l’ajout de liquide.
Et bien voilà qui relègue le Kayfun 4 au rang de gadget amusant mais désuet ! Ouais… Jusqu’au moment où, souhaitant changer de liquide on se met à réfléchir au nettoyage du tank.
La vape du « Triangle »
Les résistances du « Triangle » sont immédiatement reconnaissables entre elles comme en témoigne la photo ci-dessous où nous avons de gauche à droite un triple ou sextuple coil à 0,2 ohm, un triple coil à 0,5 ohm et le plateau RBA, doté comme il saute aux yeux d’orifices d’arrivée de liquide réduits.
Au niveau des résistances du « Triangle », tout semble aller par trois… Trois plots positifs, trois ou six bobines pour le modèle en 0,2 ohm, trois pour celui en 0,5 ohm, trois également pour le RBA. Cette particularité est sûrement liée au nom du produit, à moins que ce ne soit l’inverse…
Les résistances toutes faites
La résistance en 0,5 ohm est montée par défaut, je l’ai essayée en premier. Evidemment, la mise en oeuvre est des plus simples puisqu’il suffit de positionner la molette du top-cap en mode « Filling », de remplir le tank, de repasser en mode « Working » et de vaper. Les sensations produites par le « Triangle » équipé de cette résistance sont bonnes, la vapeur est dense et goûteuse dès 25 / 30 watts et aucun dry-hit déplaisant n’a gâché la fête même avec un liquide en 80 VG. Malheureusement, un regrettable incident s’est produit après le deuxième remplissage du « Triangle ». L’atomiseur s’est inexplicablement mis à glouglouter, des cascades de liquides ne tardant pas à s’échapper des air-holes. Au cours du nettoyage qui a suivi, un des pôles positif de la résistance s’est malencontreusement déboîté et je n’ai guère réussi à le remettre convenablement en place malgré quelques efforts méritoires.
La résistance en 0,2 ohm nécessite de monter assez nettement dans les watts pour donner de beaux nuages épais et gorgés de saveur. Le problème est qu’à 50 watts et au-delà, le « Triangle » devient brûlant au bout de cinq taffes, au point de ne plus pouvoir le toucher. Rien de bien étonnant lorsque l’on voit la conception des résistances emprisonnant les bobines résistives dans une enceinte close. J’avais déjà rencontré le problème avec le TFV4 et commence vraiment à penser que les performances annoncées par les constructeurs ressemblent à s’y méprendre à un air de flûte. Vaper à 140 watts avec le « Triangle » ? Bon courage !
Le plateau RBA
Smkon, le constructeur du « Triangle » a choisi d’insérer une carte avec des photos pour décrire le fonctionnement du plateau RBA, autant dire que son montage n’est pas inné. Il ne s’agit en fait pas du tout d’un plateau RBA comme celui du Subtank ou du TFV4 mais d’une espèce de résistance toute faite rendue démontable par une astuce des plus improbables.
Le plateau est livré équipé d’un triple-coil où les pattes de chaque bobine plongent vers les pôles via de petits orifices pour le négatif (flèche du haut sur la photo ci-dessous) et des gros pour le positif (flèche du bas sur la photo ci-dessous).
Ces pattes sont maintenues par de minuscules vis allen dont la clé est heureusement fournie avec l’atomiseur. Une patte négative se bloque par la vis du haut sur la photo ci-dessous, une patte positive par celle du bas.
On est ici beaucoup plus proche des bidouilles pratiquées naguère pour refaire les résistances de Protank que d’un véritable plateau reconstructible…
La garniture de coton est relativement simple, l’espace pourtant réduit s’avérant finalement suffisant.
Lors de la fermeture de la chambre, le coton est assez violemment compressé par le vissage laissant craindre le nid à dry-hits…
Un passage à l’ohmmètre révèle une résistance à 0,3 ohm risquant malheureusement de reproduire les désagréments rencontrés avec la résistance à 0,2 ohm. Les pirates dotés de doigts de fée et d’une patience à toute épreuve réussiront peut-être un montage en simple coil plus haut en résistance sur ce plateau RBA, je leur souhaite cependant bon courage.
Le plateau RBA ainsi monté produit une vape vraiment agréable autour d’une trentaine de watts mais ici encore, la chauffe excessive de l’atomiseur gâche le plaisir. D’autre part, après un réservoir complet vapé sans autre souci que la transformation du tube en chaufferette, le second aura produit maints dry-hits sans que je ne sache expliquer pourquoi.
A mon avis…
A mon avis, Smkon a conçu ici un chouette produit non dépourvu de qualités dont l’astucieux système de remplissage n’est pas la moindre. Malheureusement, le constructeur se tire littéralement une balle dans le pied en essayant de se raccrocher à la course aux watts dont nous sommes aujourd’hui la cible. Ce « Triangle », pas plus que le TFV4 de Smok d’ailleurs ne me paraît pas capable d’encaisser les hautes puissances exigées par les résistances toutes faites qui lui sont associées et la vape s’en trouve dégradée voire désagréable du fait de la température élevée atteinte rapidement par l’atomiseur.
Le « Triangle » reste cependant un bon atomiseur produisant de beaux nuages bien saturés de saveurs à condition de rester sur des résistances moyennes, si l’on parvient toutefois à ne pas les détruire après le premier tank vidé d’autant que le pseudo plateau RBA ne constitue guère une alternative crédible.
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