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Il Vaporificio : Il Magnifico !

Comme il commence à être de notoriété publique, nos mécanismes vaporisant des liquides ne peuvent et ne pourront jamais reproduire la sensation issue d’une combustion de plantes aromatiques. Ceci n’empêche pas les assembleurs de proposer myriades de flacons estampillés « goût tabac », reprenant parfois sans vergogne les couleurs et le design des emballages issus de marques connues afin de rassurer et tenter l’usager en sevrage de ses manies tabagiques.

Il Vaporificio

Fabrizio Fontana

Ne pas reproduire la combustion n’empêche pas de produire d’excellents liquides plus ou moins proches du modèle, au mieux fortement teintés des arômes s’échappant d’un paquet de cigarettes ou d’une boîte de cigares fraîchement ouverts. A défaut de combustion, les amateurs de ce type de fragrances trouveront aisément de quoi se faire plaisir dans la multitude de liquides proposés. Comme dans tous les domaines du goût, une hiérarchie existe cependant, allant du faux au vrai, de vagues arômes synthétiques à de petites merveilles issues essentiellement d’une macération de feuilles de divers tabacs selon des procédés parfois fort élaborés. Comme dans le domaine des vins, des alcools, des cafés ou des chocolats, de véritables experts officient dans celui des tabacs, capables d’identifier une espèce végétale et son terroir lors d’une dégustation. Renseignements pris, il me semble bien que Fabrizio Fontana pouvait sans conteste se réclamer de ce niveau d’expertise lorsqu’il créa Il Vaporificio quelque part entre Rome et Firenze un jour de 2012…

Virginia, Burley, Kentucky, Maryland, Dubec, Samsun, Izmir, Xanthi, Comothini, Drama, Serres, Latakia, Perique… Le tabac est un univers où il est bien difficile de s’y retrouver. Pourtant, je n’ai pas hésité une seconde à accepter la proposition de Sandrine Serra, responsable marketing de Smooke France, relayée par notre bon capitaine toujours prêt à faire trimer l’équipage, de tester un panel de sept liquides signés Il Vaporificio. Ce n’est qu’en recevant le colis que je me suis mis à stresser d’avoir accepté un costard peut-être un peu trop grand parce que moi, voyez-vous, j’aime bien les goûts tabacs proposés par la vape mais la plante, ses espèces et ses variantes, je n’y connais rien.

Bon. D’un autre côté, on n’est pas ici sur un blog de biologie végétale et finalement, ce sont les liquides et les sensations de vape qui nous intéressent, pouvoir dire si on aime ou pas une mixture même si le support scientifique est évidemment loin d’être inintéressant. D’ailleurs et c’est quand même encourageant à l’heure d’aborder une démarche néophyte face à un Everest d’érudition, la chouette documentation accompagnant l’emballage très soigné des liquides Il Vaporificio ne se perd pas en botanique, préférant le charme accessible d’une certaine poésie non dépourvue de lyrisme.

Nous voilà rassurés, prêts à en découdre avec ces liquides issus de l’expertise d’un passionné de saveurs tabac, détenteur d’un procédé de macération à froid exclusif et particulièrement soucieux d’une qualité sans faille pour sa production.

Et oui, il ne s’agit pas que de laisser les feuilles tremper peinard quelques jours dans une baignoire pour récupérer le jus aromatisé… C’est un métier ! Malgré toutes les longues et coûteuses étapes décrites dans le processus d’élaboration, le flacon Il Vaporificio de 10 ml est proposé en divers taux de nicotine à 7,90€, celui de 30 ml uniquement en 0 mg/ml à 19,90€. On peut je pense considérer ces tarifs comme raisonnables par rapport à ceux pratiqués pour quelques gouttes d’arômes synthétiques versés dans quelques millilitres de base nicotinée…

La dégustation

J’ai retenu pour la dégustation un des meilleurs « setups » dont je dispose à savoir un GP Dripper du moddeur VapourArt vissé sur une box mécanique ressemblant énormément à une Tres Equis philippine de chez JD Tech.

Bien sûr, j’aurais aussi pu opter pour le pire afin de prouver le cas échéant que les liquides Il Vaporificio gardent du charme en milieu hostile mais non. Vaper étant aussi un plaisir, pas question de se le gâcher par des tests oiseux ! Dripper ensorceleur et box bien péchue feront donc l’affaire, de la première goutte de liquide à la dernière et pis c’est tout.

Rustica

« Les essences particulières enrichies par le soleil chaud de la Méditerranée donnent un arôme distingué à ce e-liquide. Un nuage enivrant de plaisir et de la relaxation. Un orchestre de saveurs en parfaite harmonie avec le goût ».

Rustica surprend dès l’inhalation par des notes franchement sucrées. L’exhalaison confirme cette impression par une large explosion de saveurs de cuir curieusement gourmandes, rapidement relayées par de remarquables parfums de miel assez prononcés. La fin de goût se conclut plus âprement par des saveurs finement fumées. Ces trois sensations gustatives se mêlent et s’entremêlent avec un bel équilibre, la note sucrée omniprésente amenant Rustica aux limites de la friandise malgré une belle puissance en bouche. Renseignements pris, ce festival de saveurs très particulier serait issu de feuilles d’Isfahani, un tabac rare d’origine iranienne bien connu des experts et très apprécié des connaisseurs.

Moro

« Un mélange avec un caractère remarquable et notes fumées qui rappellent des anciennes saveurs royales. Un goût inspiré de saveurs de bois et de caramel avec un fond légèrement fumé. »

Dès les premières volutes, Moro s’affirme magnifiquement dans les saveurs classiques de sa famille gustative. Cuir et paille jouent au chat et à la souris aux avant-postes tandis que d’autres nuances plus rares de caramel et de sucre roux se laissent parfois découvrir au second plan. Ce liquide basé sur un « fire-cured » du Kentucky rappellera sûrement de façon précise l’arôme caractéristique s’échappant à l’ouverture d’une bonne boîte de cigarillos, sa vapeur fine, douce et puissante l’amenant certainement parmi les tous meilleurs substituts à la combustion de tabac que la vape puisse offrir.

Izmir

« Inspiré par l’Empire Ottoman qui grâce à l’influence byzantine, excelle dans des goûts complexes et gentils. Ce e-liquide transmet un agréable nuage épicé produit par la cigarette électronique. »

Izmir serait selon ma nouvelle et fort fragile érudition une variété de tabac turc, rarement représentée seule dans les cylindres à fumer. J’ignore la composition exacte de ce liquide homonyme mais il fait en tous cas mouche avec grâce et élégance dès la première inhalation. Son fond de goût me paraît plus animal que végétal, bâti sur un arôme de cuir fin et discret. Sur cette base caractéristique se déploie ensuite une puissante explosion de saveurs complexes, débutant selon mon ressenti du côté des fruits à coque, évoluant vers la réglisse pour finir en fantômes anisés. Le hit de fin d’exhalaison est fin et fort, Izmir se vape les yeux mi-clos, propice aux rêveries de lointaines destinations.

Cumber

« Ce liquide, obtenu avec un mélange de type américain, a un parfum corsé et une agréable douceur veloutée. Son goût provient du mélange des tabacs Virginia, Burley épicé et des tabacs orientaux. »

Cumber nous ramène vers les pures saveurs classiques avec finesse, puissance et élégance. Les belles saveurs de cuir déployées à l’exhalaison composent une mosaïque sensorielle riche et pleine où j’ai cru deviner des traces de fruits jaunes, pèche ou abricot. La composition reste douce et moelleuse malgré sa densité, ce n’est qu’en fin de bouffée que Cumber sort les griffes pour chatouiller la gorge d’un hit prononcé.

Damask

« Une symphonie de parfums très riches compose ce liquide. Un mariage parfait avec les saveurs épicées méditerranéennes. Un mélange de tabacs et de résines de fleurs. »

L’énorme saveur de Damask explose dès l’inhalation, la puissance du tabac fumé s’emparant sans partage de toutes les cellules gustatives disponibles. Une étrange saveur acidulée parvient néanmoins a se glisser dans les interstices de cette exubérance et l’exhalaison nous dévoile alors quelques clés du mystère, bien aidée par notre moteur de recherche favori. Damask est construit sur un Latakia traditionnellement séché à la fumée de chêne ou de pin d’Alep dont la vigueur est ici jugulée par des extraits de fleur de tabac. Ces extraits parfaitement dosés amènent une note florale fraîche et impertinente dont les accents subtils font du mélange une expérience rare et raffinée.

Hunter

« Le parfum et l’arôme de ce e-liquide rappellent la fumée du tabac à pipe. Avec une tonalité de chêne velani, genièvre sauvage et un fond fruité, le résultat est une expérience de détente très agréable. »

Hum… Difficile d’évoquer Hunter de mémoire seulement, le flacon étant déjà vide ! Le côté animal du cuir cède ici le premier plan à des saveurs plus boisées, rehaussées d’une petite pointe acidulée oscillant entre la relative sécheresse aromatique du genièvre et la générosité sucrée d’un fruit rouge. Bien sûr, tout ceci peut paraître bien flou et bien hésitant mais les saveurs complexes de Hunter ne se laissent pas décoder en quelques bouffées, mêmes prolongées. D’après les experts, ce liquide serait un Cavendish aux cerises construit sur des tabacs de type Kentucky et Burley… Il m’aura été bien sûr plus facile d’acquiescer que de le deviner ! Le mélange est en tous cas parfaitement réussi et équilibré et se laisse vaper avec grand plaisir, presque sans y penser, jusqu’à la dernière goutte.

Barrique

« Ce liquide est composé de variétés de tabacs sélectionnées, affinées et fermentées jusqu’à maturation dans des barriques de chêne, qui donnent une tonalité boisée à l’arôme pour une expérience remarquable. »

Barrique, vieilli comme son nom l’indique en fûts de chêne, se distingue des autres liquides de la gamme par une texture charnue, propice par exemple à des accompagnements alcoolisés de qualité lors de moments de détente. Pour l’avoir pratiqué en d’autres macérats, l’ossature du mélange me paraît construite sur un Perique, immédiatement reconnaissable par sa profonde saveur de paille coupée humide parfois bien difficile à maîtriser. Point d’inquiétude cependant, Il Vaporificio joue ses gammes en virtuose et nous propose ici un liquide remarquablement agréable ou les partitions gustatives, même complexes se développement sans fausses notes.

A mon avis…

Ainsi se termine ce voyage italien au pays de Il Vaporificio… Les sept liquides ici évoqués ont à mon sens pour points communs une surprenante finesse de texture, comparable à celle des célèbres américains Five Pawns et une forte puissance gustative génératrice de hit dès le dosage en 3 mg/ml testé ici. S’il fallait classifier les mixtures, Moro et Cumber représenteraient le côté classique de la gamme, très proche du pur tabac tandis que Rustica, Izmir, Damask et Hunter se situeraient dans un registre aromatique plus sophistiqué. Barrique resterait à part, son rendu épais et velouté le destinant davantage aux instants privilégiés de dégustation.

S’il fallait maintenant établir un ordre de préférence pour ces sept mixtures toutes parfaitement réussies, je placerais Hunter sur la plus haute marche du podium, très légèrement au-dessus de Barrique. Rustica, Izmir et Cumber se disputeraient âprement la troisième place tandis que je laisserais les accessits à Damask et Moro. Ce classement reste bien sûr totalement subjectif et évoluera certainement en fonction des goûts de chacun, les sept produits n’ayant rien à s’envier en termes d’équilibre, de justesse d’assemblage et de qualité gustative.

Il me reste à remercier Sandrine de Smooke France pour cette fort agréable balade en terre italienne, en souhaitant à ces superbes liquides de séduire autant les néo-vapotos à la recherche des saveurs perdues que les vieux randonneurs de la vape toujours prêts à fondre pour des saveurs classiques pour peu qu’elles soient exceptionnelles.

Bonne vape à toutes et tous, en Il Vaporificio ! :bye:
Le site Vaporificio

Ecrit par Nesquick

Nesquick, dans la vape depuis 2013.
Intéressé par la découverte de ce nouveau monde de saveurs et de techniques... Bonne vape à tous !

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