« Tu verras, plus tard tu aimeras ça. Avec l’âge, le palais change. »
Mon paternel avait raison : quand à 18 piges bien sonnées, j’ai goûté mon tout premier café, j’avais trouvé ça tellement immonde que j’avais failli poser une peau de renard monumentale ! Seulement voilà, mes contraintes de l’époque m’imposant de veiller la nuit, il fallait bien que je trouve le moyen de ne pas fermer l’œil. Alors je m’étais forcé, j’avais insisté, m’obligeant à ingurgiter quotidiennement plusieurs tasses de l’infâme breuvage afin de ne pas céder aux bras de Morphée. Et puis petit à petit, sans même que je m’en rende vraiment compte, ces petites séances de torture s’étaient normalisées et étaient devenues de moins en moins pénibles, au point qu’aujourd’hui, le café j’adore ça ! J’en consomme même quotidiennement à toutes les sauces : expressos, milk shakes, glaces et forcément, jus à vaper. Comme quoi… Bon aujourd’hui, je n’aime toujours pas les tomates crues, le melon, les glaces au concombre et plein d’autres trucs encore, mais tout de même, les goûts évoluent et le palais est un organe qui a juste besoin d’être éduqué.
En vape, c’est pareil : lorsque grâce au Navire, j’ai découvert les macérats et extraits de tabac, j’ai instantanément flashé sur les douceurs sucrées des Virginia ou autres Black Cavendish, tandis qu’il y en avait un qui me filait de véritables nausées : le Latakia ! Aujourd’hui quand je regarde ma « cave à jus » où se côtoient joyeusement Hell’s Mixtures, Oriental, Sobranie, Balkan Mixtures, Syrian Soul ou autres English Mixtures, je me marre…
Toujours est-il que pour siroter ces petites merveilles gustatives, c’est (presque) toujours en MTL que ça se passe (parce que c’est plus… raffiné !! ) et que là aussi, mon palais a évolué. Pendant très longtemps (c’est-à-dire 90% de ma vie de vapoto), je n’ai juré que par un câble : un twisted 2*28 Ga de Kanthal A1 dans lequel j’envoyais minimum 25 watts. OK, un peu barbare pour du MTL, mais c’est le seul truc qui me permettait d’obtenir une vape restrictive dense, gorgée de saveurs et pas trop coincée du cul.
Pis vlatipa qu’un jour, un ato dont je tairai le nom mais qui depuis est devenu mon Graal MTL est venu tout chambouler : mon indéboulonnable 2*28 Ga s’avérait vraiment trop nerveux et, surtout, trop calorifique pour ce petit prétentieux. Résultat : je dus trouver quelque chose de plus fin dans ma réserve de bobines. C’est alors un peu par hasard que je jetai mon dévolu sur un vieux KA1 twisted 4*32 Ga plein de toiles d’araignée, vestige d’une période lointaine où j’essayais à peu près tout type de câble à la recherche de la perle rare.
Pour dire vrai, j’avais complètement zappé l’existence de ce 4*32Ga, mais dans l’ato évoqué plus haut, ce fut un véritable coup de tatane dans le fion : un rendu de barje, plus fin, plus précis, mais toujours aussi dense en saveurs saturées !! Le câble parfait dans cet ato-là… Viiiite, je me ruai donc, la boule au ventre, sur les portails de vape habituels afin de me constituer un stock de guerre de ce câble magique !! Et là, patatras ! Le drame : DISCONTINUED partout ! Mais naaann !!! Putain les boules ! Pas juste un petit HORS STOCK temporaire, non là, c’était carrément l’arrêt total de production du produit. Fin du jeu. Game Over !!
Rendez-vous compte : le graal enfin atteint, qui me narguait effrontément en promettant de s’évaporer et de ne rester dans ma mémoire que comme le doux souvenir d’une amourette de vacances, à mesure que ma pauvre bobine de 10m diminuait telle une peau de chagrin… Vision d’horreur. Pensée insoutenable. Nan, impossible ! Pas le choix : il fallait agir de toute urgence pour contrecarrer cette perspective diabolique. Trouver coûte que coûte le moyen de m’affranchir durablement du bon vouloir des fabricants de câbles à vaper.
Comme il paraît qu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, j’ai donc mis le bleu de chauffe et suis parti au charbon. Et aujourd’hui, comme pour mieux l’ancrer dans la mémoire vapistique collective (LOL !), j’ai décidé de partager mon secret ici même plutôt que de le garder jalousement pour ma petite pomme. Sait-on jamais qu’il y’en ait un ou deux que ça puisse intéresser…
Twisted KA1 4*32 Ga
En réalité, rien de bien sorcier pour créer ce câble, le Twisted étant de loin le câble complexe le moins… complexe ( !! ) à réaliser. À condition d’être un minimum équipé, bien entendu.
Pour ce petit bricolage, il nous faudra donc :
- Une perceuse. Pas besoin d’un truc de pro, même celle de Papy Mougeot qui traine on ne sait où au fond de la cave depuis des siècles fera parfaitement l’affaire.
- Un mètre
- Un tournevis
- Une pince coupante
- Du câble KA1 32 Ga (0,202 mm)
Ah il est gentil lui, mais du câble de KA1 32 Ga, on n’en trouve pas partout ! Ouais, c’est vrai. Ben voilà, moi j’ai pris celui-là, pour ne pas attendre 30 ans que la bobine veuille bien arriver de Chine. Hop, un petit coup de pub gratos. De rien Ludo, c’est moi qui régale :
Ah ouais…, carrément la bobine de 500 feet (152 mètres). Ben oui, la peur de manquer… Mais elle existe également en petit format et petit prix pour ceux qui voudraient jouer au bricolo sans prendre trop de risques.
Bien, nous y voilà ! Pour plus de simplicité, on va numéroter les étapes, comme à l’école y’a longtemps.
1) Couper 2 brins d’environ 32 cm chacun.

2) Plier chaque brin en « U », comme ceci :
3) Superposer les deux « U », et joindre les 4 bouts (nouvelle expression à soumettre à l’Académie Française. En plus, c’est de saison, vous trouvez pas ?) en les tourillonnant, même grossièrement.
Vous voyez que dalle ? Ouais je sais, mes photos sont moisies, désolé. Peut-être qu’avec un petit zoom…
On s’en tape que ce soit joli ou pas, l’essentiel est que les 4 extrémités soient bien liées entre elles.
4) Insérer cet amas de câbles pas-très-beau dans le mandrin de la perceuse :
Il est très important de serrer le mandrin bien à donf’ comme un bourrin. Vous pouvez y aller franco, ça ne risque pas de déchirer les brins de Kanthal.
Au final, vous devez vous retrouver avec ça :
Bien ! Quand on en est là, le plus difficile est fait. On va pouvoir passer à l’entortillage des câbles à proprement parler. Étape suivante, donc.
5) Attraper son tournevis et venir l’enfiler dans les 2 boucles de câbles :
6) Saisir fermement le tournevis d’une main, et la perceuse de l’autre (main). À ce moment-là, exercer une pression inverse sur vos outils, de façon à ce que les câbles soient le plus tendu possible :
Pour obtenir un bon résultat final, il est fondamental que jusqu’à la fin de l’opération, vos 4 câbles soient, comme le veut l’expression populaire, tendus comme un string.
7) Tout en maintenant vos 4 câbles extrêmement tendus, actionner la perceuse et la laisser faire le boulot.
Pour ma part, je réalise cette étape à la vitesse de perceuse la plus lente possible, et d’une seule traite, sans à-coup, c’est important. Ça permet d’une part de bien voir la progression de l’entortillage des câbles, mais également d’obtenir un câble twisté homogène.
Au fur et à mesure que la perceuse fait le job, on constate que le « tressage » des câbles devient de plus en plus dense.
Du coup, la question fatidique arrive : quand est-ce qu’on arrête la perceuse ? Quand la voisine furieuse tambourine à la porte à l’heure de la sieste ?
Perso, j’arrête après environ 45 secondes, un peu avant que la boucle de câbles soit complètement serrée sur le tournevis.
Et voilà, c’est fait !! Ne reste plus qu’à desserrer le mandrin de la perceuse, libérer le tournevis, et nous voilà en présence d’un joli brin de Twisted 4*32 Ga de 15 à 16 cm de long.
Parfait pour confectionner un micro-coil de 6 spires sur axe de 25.
Une fois installé sur un deck puis stabilisé, ce petit coil sort à 0.81 Ohm, ce qui semble tout-à-fait acceptable pour une vape MTL dans les règles de l’art.
Hé ohh, les MTLeux puristes qui ne jurez que par le 1 Ohm minimum, je vous vois !! Inutile de froncer le sourcil ou de recracher votre tasse de thé en en foutant partout sur la table… On se détend du sphincter (pas trop quand même) et on souffle un bon coup (pas trop fort non plus, c’est pas la peine de postillonner partout) : ce coil de 4*32 Ga envoie de la saveur comme jamais vous n’avez connu avec aucun de vos câbles simples, même dans vos meilleurs atos ! Et surtout, il vous donne cette vape incroyable d’intensité et de finesse, même à basse puissance !
Comme les brins qui constituent ce Twisted sont très fins (32 Ga = 0.202 mm), le coil se montre extrêmement réactif, ce qui fait qu’à 18 ou 19 watts, on est super, pas besoin d’en mettre plus. Et comme on n’envoie pas une puissance démesurée dans notre résistance, les saveurs sont magnifiquement respectées et toutes les subtilités des jus les plus complexes sont parfaitement restituées. Et tout ça dans une intensité de rendu sans précédent, grâce à la multitude de petits « pièges à jus » visibles à la surface du coil.
Bref… Testez, vous verrez bien par vous-mêmes.
N’empêche, c’est intéressant cette histoire d’épaisseur des brins qui composent un câble complexe… Comparé à un KA1 Twisted 2*28 Ga, j’ai pu constater qu’un KA1 4*32 Ga procure une vape beaucoup plus subtile et infiniment plus détaillée, sans perdre en intensité de rendu, bien au contraire.
Alors quoi ? Plus les brins constituant un câble complexe sont fins, plus la vape devient raffinée et précise ??
Afin de confirmer (ou infirmer) cette hypothèse, j’ai donc poussé le curseur de l’expérimentation encore un peu plus loin, ce qui nous amène à notre 2è super coil MTL à faire soi-même.
Twisted Ni80 10*36 Ga
Cette fois, j’ai décidé de changer d’alliage : exit le Cantal, place au Nichrome 80 ! Ben oui, le goût du nichrome, c’est quand-même autre chose que le fromage qui pue…
Allez, nouveau coup de pub à l’œil, j’ai choisi ce câble-là :
Du 36 Ga de diamètre !! Ouais ouais, y’a pas de faute de frappe, c’est bien du 36 Ga que j’ai utilisé. Normalement, ce diamètre est utilisé par les builders pour enrober l’âme de leurs câbles complexes, genre Fused Clapton 2*26/36 par exemple. C’est tellement fin (36Ga = 0.127 mm) que ce n’est même plus du fil de pêche là !! Ouais, marrez-vous le Bruce et le Kant’, elle est pour vous celle-là.
Bon, comme c’est vraiment très très fin, à la limite de l‘invisible, on va se confectionner un improbable twisted de… 10 brins ! Ouais, j’ai bien dit dix (10) !
Suivant la méthode décrite précédemment, on commence donc par découper 5 brins de 32 cm chacun, puis on déroule méthodiquement le process. Je dois bien concéder que la manipulation des brins s’avérant un peu fastidieuse, il faudra rester calme et y aller avec beaucoup de tact. Mais in fine, on se retrouvera avec un magnifique coil bien souple (léger effet ressort) et garni d’une multitude de « pièges à jus », plus petits que sur le 4*32 Ga, mais aussi plus nombreux.
Les 6 spires sur axe de 25 sont cette fois stabilisées aux alentours de 0.70 Ohm, ce qui à coup sûr ne manquera pas de faire bondir les Ministres du MTL !
Ben chacun fait c’qu’il veut, j’ai envie de dire. Libre aux puristes de gesticuler dans tous les sens et de hurler vainement au scandale. S’ils ont du temps à perdre, ma foi… Pour ma part, j’ai toujours dit que les chiffres, ça ne voulait rien dire en soit parce que justement, on peut leur faire dire ce qu’on veut.
La première fois, j’avoue que je ne savais pas du tout à quoi m’attendre avec ce micro-coil de Twisted 10*36 Ga..
Hé ben j’peux vous dire que le résultat a dépassé toutes mes attentes ! Dans la pratique, ce câble se débrouille extrêmement bien en MTL !! Ça vape classe, hyper précis et avec une profondeur aromatique de dingue ! La texture en bouche est une vraie caresse, du véritable velours. Et les saveurs… Pfffff, je n’ai jamais connu aucun câble qui restitue comme ça, avec autant d’élégance. Mais le plus notable, ça reste encore l’intensité de rendu : la saturation des arômes est sans égal.
Bref, c’est destiné aux gourmets qui ne font aucun compromis sur la précision de rendu, mais qui en même temps n’ont pas un balai dans le cul et cherchent des saveurs denses et profondes.
Tiens, et puis encore un dernier petit truc avant de partir : le Ez’ me demandait récemment si je confirmais que MTL et Méca ne partiraient jamais en vacances ensemble… Ben non, je confirme que dalle. Au contraire même : j’infirme !
Cette petite expérience confirme mon hypothèse de base : plus les brins constituant un câble complexe sont fins, et plus la vape procurée est raffinée, intense en saveurs, et réactive. Nouvelle hypothèse sur laquelle je miserais bien une petite pièce : plus les « pièges à jus » sont nombreux et petits, et plus les saveurs sont précises. Sans doute parce que lors du processus d’atomisation, la « taille » des goutelettes joue un rôle prépondérant sur le rendu final.
Du coup sur méca, ce montage « mou du genou » sur le papier passe crème de chez crème dans la pratique : aucun effet diesel, c’est au contraire très dynamique et punchy à souhait, tout en restant dans le raffinement propre au méca.
Les gars (et les meufs), je vous le dis : faîtes péter les carcans, ôtez les œillères et allez-y ! Vous ne le regretterez pas (à votre avis, pourquoi vous croyez que je passe du temps à pondre un article ? ). En plus ce qui est vachement cool, c’est qu’on peut twister absolument tout type de câbles, mixer différents diamètres entre eux, mais également différents alliages… Le champ des possibles est immense. Trop vaste, en tout cas, pour rester bêtement cantonné à un banal câble simple de nichrome 80.
Bref, expérimentez, twistez les loulous !! Le DIY, c’est pas seulement les jus, mais aussi les câbles !
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