Je viens de regarder une émission fort intéressante et édifiante : Cash investigation « la grande manipulation » présentée par Elise Lucet.
Cette émission qui a nécessité un an d’enquête apporte la preuve des moyens mis en œuvre par les cigarettiers pour influencer les décisions politiques.
… et ça marche…
Je vous en fais maladroitement un résumé mais le mieux est de la regarder !
On y apprend que chacun des élus, responsables en matière de santé publique et fiscalité, nationaux et parlementaires européens est fiché et classé par Philip Morris selon ses hobbies, manière d’être, de penser, de réagir.
Au passage, le député Jean-Pierre Audy, opposé à la DPT (Directive sur les Produits du Tabac) annonce » ce n’est pas l’industrie du tabac qui tue, c’est la nicotine » ! …
Un grand moment : Elise Lucet interroge (1800 questions préparées !) avec insistance, nombre de preuves, arguments et pertinence Tommaso Di Giovanni, responsable de communication de Philip Morris.
M. Di Giovanni embarrassé a bien sûr une langue assez boisée et répète trop souvent que c’est « un commentaire maladroit, qu’il y a des maladresses ( cité 21 fois !), ou … qu’il n’est pas au courant « …
Le moindre commentaire des eurodéputés sur le tabac finit par remonter aux oreilles de Philip Morris qui les cible, tel un snipper et au final écrit en quelque sorte les amendements et dicte les lois à la place du parlement. Philip Morris a ainsi écrit 18 amendements dont 16 ont été déposés (!!! ) aux fins de réduire l’importance de la DPT.
Bref, l’institution est criblée de conflits d’intérêts…
Pour veiller à l’éthique et à l’intégrité de nos parlementaires, Noëlle Lenoir, avocate a exercé les fonctions de déontologue de l’Assemblée Nationale jusqu’à ce que le magazine Le Figaro révèle qu’elle était payée …par l’industrie pharmaceutique.
John Dalli, commissaire européen chargé de la santé de 2009 à 2012, « trop » anti-tabac a été dégagé ipso facto par José Manuel Barroso, vraisemblablement piloté par les lobbys du tabac.
Cette affaire scandaleuse a reçu le nom de ‘ » Dalligate ».
Les raisons de son éviction ont été vivement critiquées par José Bové et Corinne Lepage.
Le grand trouble :
Philipp Morris verse à la commission européenne la modique somme de 2 milliards d’euros de 2004 à 2029, officiellement pour participer à la lutte contre la contrebande de cigarettes.
British American Tobecco, Japan Tobecco et Imperial Tobecco ont aussi versé à la France 90 millions d’euros depuis 2006. British American Tobecco s’infiltre en participant via l’Office européen de lutte antifraude (Olaf) à la formation des agents des douanes.
Aussi une interview de Marisol Touraine qui, à part la réversion des taxes sur le prix de vente des cigarettes à la sécurité sociale, ne semble pas être au courant des sommes faramineuses versées par les cigarettiers.
MST, jointe par téléphone par un journaliste, promet de la rappeler dans 30mn et il attend encore…
L’épilogue, » un argument qui tue » ! :
Une étude faite à Prague et expliquée par un homme un peu trop bavard (qui demande l’arrêt de l’interview !) conclut que » grâce » aux décès prématurés dus au tabac, 147 millions d’économies seraient faites sur le versement des retraites !
Cette émission ponctuée de notes d’humour est visible sur Youtube :
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