C’est par hasard que je suis tombé sur cet atomiseur dont la communauté s’est déjà emparé si l’on en juge par les ruptures de stock affichées par les boutiques en ligne, les unes après les autres. Je n’ai cependant pas de références à fournir sur d’autres articles du Navire en préambule à mon propos, ce qui représente tout de même une certaine satisfaction d’ego, à la mesure de la rareté du fait !
Le Aeronaut est issu du travail d’un modeur britannique, ingénieur en aéronautique de son état, cherchant à résoudre la quadrature du cercle du dripper parfait en corrigeant les défauts observés sur les produits concurrents. Le programme peut paraître ambitieux, voire suspect mais le discours marketing s’avère plaisant :
« The Aeronaut RDA is definitely one of a kind. Time has been spent into overcoming the problems of leakage, spit-back, poor conductivity, poor connection and small juice capacity, which a lot of RDAs on the market have. Meanwhile, more options become available, thanks to the independent airflow modules/tubes. Serious builders will also have the possibility of customizing airflow configurations without altering the airflow design permanently »
L’ajout d’un chouette schéma conceptuel à cette prose encourageante suffit largement à replonger l’infortuné Porky (le cochon-tirelire) dans les affres de la dépression même si cette belle pièce à vaper technique à souhait reste relativement raisonnable en terme de coût, par rapport notamment aux productions philippines souvent largement surévaluées.
Un Aeronaut en finition brossée coûte actuellement 40£ à la source soient environ 56,60€. Certaines boutiques nationales le proposent à plus de 60€, j’ai pour ma part obtenu une des dernières pièces proposées par la boutique en ligne SvapoShop au prix canon de 55€.
La présentation de l’Aeronaut RDA
Le Aeronaut arrive dans une espèce de boîte en plastique de style Tupperware pas forcément du meilleur goût.
La mousse dense tapissant le fond de la boîte maintient l’atomiseur, une clé allen et un sachet de pièces détachées assez complet composé de joints toriques, de tubes d’acier, de lamelles percées et de quatre vis dont l’empreinte correspond fort heureusement à la clé fournie. Le design du Aeronaut est sobre, limite dépouillé. Sa finiton extérieure semble parfaite et l’impression de qualité qui s’en dégage est des plus nettes, confortée par un poids conséquent. Les matériaux constituants, acier 304 et 316 sont bien là et ça se voit.
De l’extérieur, le Aeronaut frappe tout d’abord par son imposant drip-tip de 13 mm de diamètre usiné en haut de chambre et donc non amovible. Ce signe extérieur de caractère se complète par deux paires de prises d’air de 4 mm diamétralement opposées et garnies de tubes traversant l’atomiseur, curieusement situés en bas et en haut de la chambre. Le plot positif, non réglable est cependant suffisamment saillant pour une large compatibilité d’usage. Le bloc « drip-top » se maintient fermement sur la base par une paire de joints toriques.
Le démontage révèle les concepts novateurs proposés par le Aeronaut. Ainsi, la photo ci-dessus montre en rangée basse et de gauche à droite le tube d’air flow inférieur, le tube d’air-flow supérieur, les lamelles percées bloquant les pattes du coil sur les plots positifs et négatifs et les vis permettant leur fixation à ces plots. En rangée haute et toujours de gauche à droite, le plot positif, la cuve l’accueillant sur un fond isolant profilé en face du plot négatif taillé dans la masse et le bloc « drip-top ».
La mécanique du coeur
Le système d’air-flow du Aeronaut s’appuie sur deux tubes traversant diamétralement l’atomiseur, le premier sous le drip-tip, le second en sommet de cuve.
Ces tubes sont ajourés pour permettre à l’air aspiré latéralement à leurs extrémités de remonter vers le haut. Le tube supérieur jouera ainsi un rôle de rafraîchissement du flux de vapeur issu du coil tandis que le tube inférieur se chargera d’orienter l’air sous le coil afin de permettre son chargement d’arômes. Les deux systèmes sont indépendants, les tubes ajourés peuvent être remplacés par des tubes personalisés depuis les tubes pleins fournis afin d’adapter l’aération au goût de chacun.
Le tube inférieur s’introduit latéralement au sommet de la cuve par les orifices garnis de petits joints toriques tels que ceux montrés plus haut en pièces de rechange. L’échancrure du tube placée vers le haut amène un flux d’air maximum sous un coil bloqué par les lamelles maintenues au sommet des plots positifs et négatifs par deux paires de vis. On remarque au passage la profondeur de la cuve laissant présumer d’une autonomie rare pour un atomiseur de ce type.
Le tube coulisse facilement au travers la cuve pour se loger dans les orifices garnis de joints toriques situés dans l’épaisseur de la paroi assurant maintien et étanchéité.
La base du Aeronaut montée présente un aspect assez peu habituel dans le petit monde des drippers avec son tube d’air-flow transversal et son système de blocage du coil par lamelles vissées. L’espace de montage est vaste, les lamelles peuvent visiblement accepter des fils résistifs de fort diamètre, l’air-flow est imposant… Ce dripper appelle clairement les montages joufflus !
L’insertion du tube d’air-flow supérieur, plus long de quelques millimètres que son homologue inférieur, s’opère de la même façon par des orifices également garnis de joints toriques.
Le large drip-tip s’ouvre sur le tube inséré pour un « look » plutôt curieux. Outre un rôle de refroidissement et d’allègement de la vapeur, ce tube limitera également les projections de liquide chaud lors de l’aspiration.
Le montage
Comme on a pu le voir lors de la dissection du Aeronaut, l’ambiance est plutôt aux basses résistances. Ne voyant pas très bien comment réaliser un montage multi-bobines sur un plateau pour le moins déroutant au premier abord, j’ai commencé par six spires de Kanthal 0,6 non jointives d’un diamètre de 3 mm placées dans l’axe du tube d’air-flow. Ce premier contact a révélé un rendu de saveur exceptionnel pour la quantité de vapeur produite mais le manque de nervosité de ce gros coil lent et mou situé autour de 0,5 ohm m’a rapidement incité à sur le métier, remettre mon ouvrage.
Toujours circonspect face à la réalisation d’un dual-coil sur l’étrange plateau du Aeronaut, je me suis tourné vers un parallel-coil constitué de 5 spires d’un double fil de Kanthal 0,5 sur 2,5 mm de diamètre. Ce montage m’est apparu satisfaisant en termes de réactivité mais l’idée d’un montage oblique permettant le plongeon des pattes de coton directement dans la cuve sans préalablement contourner le tube d’air-flow m’a incité à revoir encore ma copie.
Le système de blocage par lamelles et vis s’avère plutôt pratique à l’usage, préservant les pattes de Kanthal de l’effet guillotine produit par dispositifs à trous et vis et permettant des corrections faciles du positionnement de la bobine. J’ai ainsi pu donner l’angle souhaité au coil déjà monté sans souci particulier.
Le passage à l’ohmmètre, indispensable pour vérifier le montage, révèle une valeur cohérente pour le résistif installé de 0,3 ohm. Il n’est pas inutile de rappeler ici que cette valeur de résistance est faible et qu’un tel montage devra être mis en oeuvre sur un mod adapté, conçu pour l’accepter et alimenté par un ou plusieurs accus de marque reconnue, en bon état, convenablement chargés et capables d’assumer une intensité de décharge instantanée d’au moins 30 ampères.
Ces précautions prises, il devient possible de tester le fonctionnement du coil en montant la base de l’atomiseur sur un mod ou une box adaptée. Pas de doute ici sur le montage, ça poutre grave…
Toujours fidèle au coton Puff malgré plusieurs incursions en terre Fiber Freaks, c’en est une bandelette d’environ 5 mm de large pour 4 cm de long qui se retrouve traverser le coil pour descendre jusqu’au fond de cuve et le recouvrir sur à peu près un centimètre. Le positionnement oblique de la bobine facilite le passage de la mèche et réduit le contact avec le tube d’air-flow.
Le liquide est « drippé » par les côtés libres de mèche. La cuve remarquablement profonde accepte facilement 1,5 ml de carburant avant l’affleurement des bords d’échancrure de l’air-flow. Il sera bien sûr déconseillé d’agiter le Aeronaut ainsi rempli sous peine d’inondation immédiate, quoi qu’en dise le marketing.
La vape
Le Aeronaut est une machine à vapeur, un dripper orienté cloud-chasing… La vape s’avère à la hauteur des attentes, dense et volumineuse. Il est cependant doté d’un plateau certes innovant et pratique mais peu adapté aux montages en coils multiples généralement proposés par la concurrence pour l’obtention de basses résistances propres à la chasse aux nuages. Le double-coil n’est guère évident à réaliser mais reste possible, les différents retours d’expérience consultés ça et là montrant beaucoup de montages alternatifs à base de fil d’inox ou de Clapton Wire.

Les résultats obtenus avec un parallel-coil tel que celui montré ici sont néanmoins très satisfaisants, le Aeronaut tient, dans sa catégorie, les promesses de son marketing. Il ne fuit pas ou peu, sa cuve profonde permet largement plus que les quatre ou cinq taffes assurées par la plupart des drippers de ce niveau et surtout, son système d’air-flow innovant permet de régler une vape douce, dense, tiède à peu chaude plutôt rare en ce domaine. Les saveurs sont parfaitement respectées à défaut d’être sublimées.
Conclusion
Le Aeronaut me fait l’effet d’un gentleman du cloud-chasing, son côté civilisé en permettant un usage fort agréable au quotidien, là où je cantonne l’usage des Mutation X et autres Rampage à des séances nuageuses de loisir durant le week-end. Bien réglé, le Aeronaut chauffe beaucoup moins que d’autres atomiseurs soumis aux mêmes conditions de résistance et de puissance, ce qui lui permet d’accepter des liquides gourmands tels le Unicorn Milk (clone) sans les compoter en de puissants vomitifs.
Sans être d’une simplicité absolue à mettre en oeuvre, il me semble bien que le Aeronaut démocratise les machines à nuages, proposant à ceux qui y seront sensibles une vape centrée sur les plaisirs du cumulonimbus aromatisé sans la plupart de ses inconvénients.
Bon nuages à toutes et tous, en Aeronaut !
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